Le «Rassemblement des cinéastes libres», un collectif d'artistes qui vient d'être créé, et de nombreuses figures du monde de la culture et des arts ont réagi aux évènements que connaît le pays, que d'aucuns appellent «la Révolution du Jasmin». «Le Rassemblement des cinéastes libres» a tenu hier une réunion à la maison de la culture Ibn Khaldoun à Tunis. Suite à quoi, la nouvelle association a souligné, dans un communiqué rendu public, que la Tunisie vit aujourd'hui des moments décisifs de son histoire. «Afin de préserver les acquis de la révolution», le collectif appelle à la formation d'un gouvernement de «salut national», et de demander des comptes à ceux qui se sont «compromis avec l'ancien régime dans la corruption et la marginalisation des forces vives du peuple». Le collectif d'artistes recommande, par ailleurs, la création d'une commission nationale qui «tracerait les contours de ce que devrait etre l'action culturelle», et le respect de la liberté d'expression et de création artistique, ainsi que l'annulation immédiate de toute structure de contrôle et de censure, en particulier celle chargée de délivrer les autorisations de tournage. Le collectif appelle à l'instauration d'une culture démocratique qui assure la liberté des croyances et du droit à la différence. Contacté par l'Agence Tunis-Afrique Presse (TAP), le musicien et chef d'orchestre Mohamed Garfi a déclaré que cette révolution, «fruit de plusieurs années de lutte depuis l'indépendance, a été menée par des militants politiques et des intellectuels qui ont diffusé des idées éclairées et une culture d'avant-garde, malgré le nivellement par le bas et l'ambiance délétère qui a marqué la période écoulée.» «La jeunesse d'aujourd'hui, celle qui a porté le flambeau de la révolution, a été influencée par les idées progressistes diffusées par de nombreux intellectuels», a-t-il ajouté, avant d'insister sur la nécessité de demander des comptes aux zélateurs et autres courtisans à l'origine de la médiocrité qui caractérisait le secteur de la culture et des arts. Le jeune écrivain et éditeur Walid Soulaymane s'est déclaré «fier» de cette révolution. «J'appelle à respecter les choix du peuple qui a fait preuve d'une maturité et d'un comportement exemplaires», a-t-il dit, formulant le vœu de voir le pays débarrassé des mentalités qui régnaient dans l'ancien régime, caractérisé par l'hégémonie d'un parti unique qui a étouffé tous ses adversaires. Par ailleurs, il a appelé à respecter la liberté d'expression, et de mettre fin aux «directives venues d'en haut». Il a demandé à ce que les services du ministère de la Culture adoptent une politique transparente dans l'octroi des subventions, «qui doivent respecter les principes de l'égalité et de l'équité entre les créateurs». Le comédien et homme de théâtre Raouf Ben Yaghlane a déclaré : «En tant que citoyen et artiste, je demande la séparation complète et définitive entre les partis politiques et l'Etat, et d'assurer l'indépendance des entreprises d'information publique aussi bien écrite qu'audiovisuelle pour garantir la liberté d'expression et le respect de la déontologie journalistique». Il a invité toute personne appelée à exercer des charges publiques à faire preuve d'intégrité, et de soumettre son patrimoine personnel au contrôle. Le président de l'Association de soutien à la création musicale, Lotfi Mraïhi, a déclaré que «la culture doit avoir sa place dans cette révolution, et profiter de la liberté d'expression», ajoutant qu'il faut répondre aux aspirations des Tunisiens, et décentraliser l'action culturelle car, dit-il, «l'action culturelle est également un acte de dignité humaine».