A l'issue de plusieurs rencontres organisées depuis le 17 janvier 2011, à l'espace El Teatro, à Tunis, le «collectif des artistes tunisiens», composé d'hommes de théâtre, musiciens, cinéastes, plasticiens, écrivains, chorégraphes, circassiens et représentants d'associations culturelles et de syndicats professionnels dans le domaine artistique, a rendu publique, hier, une déclaration dans laquelle il rend hommage aux martyrs tombés au cours de ces derniers jours, dont notamment Mohamed Bouazizi et l'artiste Moëz Kouki. Le collectif affirme sa pleine adhésion à cette révolution qui constitue un événement exceptionnel dans l'Histoire de la Tunisie et s'engage à être le porte-voix de la révolution du peuple et à poursuivre l'action pour l'instauration et la défense des valeurs de la démocratie et de la modernité. Le collectif exige, dans cette déclaration, que la volonté du peuple soit respectée. Il demande, à ce propos, la formation d'un gouvernement provisoire qui représente toutes les sensibilités du paysage politique et de la société civile, et de nommer, à la tête des ministères de souveraineté, des personnalités nationales indépendantes. Il exige également la confiscation des biens du RCD qui sont les biens de la communauté nationale et la révision de la Constitution tunisienne et des textes juridiques régissant la vie politique, sociale et culturelle, de manière à garantir le respect de la volonté du peuple, s'agissant de la liberté, de la démocratie et de la justice sociale. Les artistes demandent aussi la séparation entre les partis politiques et toutes les institutions de l'Etat afin de garantir la neutralité de l'administration tant au niveau régional que national, ainsi que la transparence et la démocratie. Pour un régime parlementaire Ils appellent à l'organisation d'élections présidentielles, parlementaires et municipales libres et transparentes, et ce, dans les plus brefs délais, ainsi qu'à l'instauration d'un régime parlementaire qui se démarque définitivement du régime présidentiel qui a engendré la dictature. Ils mettent en exergue leur totale adhésion à la lutte du peuple tunisien pour la liberté et la justice et expriment toute leur reconnaissance envers les sacrifices consentis par de nombreux artistes et intellectuels qui ont souffert de l'injustice, de l'exclusion, de la marginalisation et de la censure du pouvoir de l'ancien régime. Ils tiennent, par ailleurs, à souligner que la révolution des hommes et des femmes libres en Tunisie est celle du peuple entier, particulièrement la jeunesse, faisant remarquer qu'aucune élite politique, artistique ou culturelle n'a le droit de s'approprier cet acquis national. Ils estiment même que les élites n'ont pas entièrement assumé leur rôle en tant que conscience du peuple comme elles devaient le faire, malgré diverses tentatives sincères de la part de certaines de ses composantes.