Pour Youssef Zouaoui, le vent de liberté et de démocratie qui souffle sur la Tunisie rejaillira positivement sur notre football… Le sport dans notre pays est malade. Quelles en sont les causes? Il y a une politique, dans le domaine du sport pour ce qui nous concerne, qui est imposée à tout le monde jusqu'ici. Le choix des responsables qui dirigent les affaires ne s'effectue pas sur les compétences. Ce système crée généralement des écarts au niveau des régions et donc des clubs. Seulement les forces sont restées sensiblement égales parce qu'on jouait en amateurs dans les compétitions. Vers la fin des années quatre-vingt et jusqu'ici, l'écart entre les clubs au niveau du budget et des infrastructures s'est davantage creusé. Beaucoup de subventions de l'Etat sont «distribuées» aux clubs d'une manière pas tout à fait équitable et les sponsors sont venus développer cette tendance. Cette révolution des jeunes est une occasion pour rentrer dans un nouveau souffle de démocratie et de liberté. Le sport, comme tous les autres domaines, va certainement exploiter cette nouvelle situation dans le bon sens. Vous êtes donc contre l'implication de personnalités politiques parachutées dans le sport? Bien évidemment ! D'ailleurs la Fifa le dit clairement dans ses textes. Non à l'ingérence de la politique dans le sport. Il ne faut pas mêler les deux si l'on désire repartir de l'avant et voir la Tunisie rayonner dans les compétitions africaines et internationales. C'est-à-dire? Il faut désormais placer les personnes qu'il faut dans les postes qu'il faut. Un programme, un projet doit être établi et des objectifs fixés suivant les moyens disponibles mis à la disposition de chaque club permettront à notre sport et plus particulièrement à notre football de relever la tête. Liberté et responsabilité devront être les maîtres mots susceptibles d'apporter des améliorations. Le développement régional aidera à coup sûr à un meilleur équilibre entre les clubs ce qui se répercutera sur la qualité d'ensemble de notre football tout particulièrement. Les lois existent mais leur application n'est pas respectée. Une redistribution plus juste, plus équitable est un passage obligé pour pouvoir progresser. On peut s'attendre à des changements avec la démocratie… Comment voyez-vous l'avenir? Une chose est sûre : on ne pourra pas tomber plus bas qu'on ne l'a été. L'avenir sera, à mon humble avis, obligatoirement meilleur. La guérison de notre sport, surtout du football, prendra du temps, la période de transition s'annonçant difficile. Je demeure toutefois optimiste — un optimisme mesuré — quant au redécollage de notre sport. Les relations seront moins tendues entre les clubs et le respect des uns et des autres retrouvera tout son sens. La compétition deviendra ainsi plus saine. Le sport sert en fin de compter à rapprocher les gens entre eux plutôt qu'à les séparer.