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Triangle de désamour ?
Débat — «Etat, religion et société... et moi dans tout ça ?» à El Hamra
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 01 - 2011

Les écartés de l'ancien régime, entre politiciens et activistes dans les droits de l'homme, ne sont pas les seuls à être revenus en Tunisie après le 14 janvier. «Je sèche mes cours en France pour être présent ici», nous confie Mohamed Haddad, étudiant en journalisme et membre des «Tunisiens libres», un groupe de réflexion fraîchement constitué. Ce jeune a aussi animé la première rencontre organisée par la future association qui portera le même nom. Ouvert, le débat a eu lieu samedi à El Hamra, sur le thème précis, mais tout autant tentaculaire, de la relation entre Etat, religion et société, avec, comme invités, le philosophe et anthropologue Youssef Seddik, la cinéaste Nadia El Fani et l'historien chercheur Hassen Annabi. Réfléchir sur une telle problématique permettra d'éclairer les choix futurs pour notre pays. L'action revendiquée par «Tunisiens libres» se veut avant tout citoyenne, sans couleur politique particulière.
Quand le citoyen contrôle le politicien
Donner la parole au public, en particulier les jeunes, pour débattre de différents sujets d'actualité, est le principal objectif du groupe. Ils en ont un autre que l'on peut qualifier d'ambitieux et louable : établir un réseau de veille médiatique sur tous ceux qui comptent se présenter aux législatives et aux présidentielles. Autrement dit, explique Mohamed Haddad, «nous nous considérons comme une entité qui surveille et contrôle ceux à qui on a délégué le pouvoir, surtout en l'absence de fermeté dans le choix et l'annonce des échéances. Les commissions qui se constituent et qui se réunissent ne nous font pas part de leur travail. C'est tout de même suspect». Là, une question s'impose : comment comptent-ils s'y prendre ? Et le jeune de rétorquer : «Par les archives de presse ou tout simplement les bibliothèques ! Par ailleurs, l'overdose de débat politique en ce moment offre l'occasion aux hommes politiques de dire tout et n'importe quoi. Nous serons là pour vérifier s'ils sont cohérents, s'ils changent de discours, s'ils sont en conformité avec ce qu'ils ont dit, même des années auparavant...». Voilà qui est clair et qui peut permettre, par une action concrète, de défendre et de préserver la marge de liberté arrachée au pouvoir après le 14 janvier. L'idée de créer «Tunisiens libres» est d'ailleurs née au début de ce mois, en pleine pré-révolution. Les investigations seront formulées en comptes rendus qui seront diffusés massivement auprès des médias et sur Internet. En attendant, l'activité du groupe de réflexion est centrée sur les débats dont le premier, qui porte rappelons-le sur le thème «Etat, religion et société... et moi dans tout ça?», a attiré un large public, sans doute curieux de trouver un écho à ses pensées et en même temps d'entendre ce que les invités, spécialistes en la matière, ont à dire pour éclairer les lanternes et apporter un complément d'information.
Pour que le débat ne soit pas stérile
Sans doute, nombreux sont ceux qui, après le 14 janvier, se sont sentis livrés à eux-mêmes en réfléchissant, peut-être pour la première fois, sur des questions politiques. Maintenant que chaque voix compte dans la construction de l'avenir du pays, liberté rime plus que jamais avec responsabilité. Pour que chaque voix soit utilisée comme il convient, il faut peut-être aussi réfléchir à haute voix et en groupe. Mais ce n'est pas évident, surtout au début d'une telle masse d'idées et des possibilités qui étaient, il y a peu, inconcevables. Plusieurs débats menés ces deux dernières semaines l'ont prouvé. Celui-ci a mis au centre de la question actuelle la relation entre l'Etat et la religion. Faut-il opter pour un Etat laïque ? Faut-il adopter la crainte des islamistes, criée par certains observateurs étrangers ? La première à intervenir fut l'artiste Raja Ben Ammar, elle qui a été agressée par les policiers en voulant exercer son droit de manifester pacifiquement avant le 14 janvier, pour dire qu'en toute subjectivité, elle croit qu'il faut modifier la Constitution, de manière à ce que tous, quelles que soient leurs orientations, puissent exister sans constituer une menace. «Il faut accepter un avis différent», affirme-t-elle. En prenant la parole, Nadia El Fani n'a pas pu passer outre les évènements de la Kasbah du 28 janvier, qui prouvent, selon elle, que le régime policier est toujours en place, avant d'ajouter qu'il faut «dénoncer les médias qui continuent de parler d'une seule voix, transformer les choses de l'intérieur et qu'il est temps de préparer les élections». Dans sa première intervention, Hassen Annabi a insisté sur le fait qu'il y a plusieurs laïcités et qu'il faut se méfier «d'une laïcité toute faite». Un débat dans le débat est vite apparu, celui de la langue à utiliser pour s'exprimer dans de telles occasions. Les avis panachés sur cette question, entre ceux qui optent pour le français, ceux qui défendent l'arabe et ceux qui ne donnent de mérite qu'au dialecte tunisien, ont été plus que révélateurs sur une situation plus générale, révélatrice d'une crise identitaire refoulée, dont la vérité semble avoir éclatée au grand jour depuis quelques semaines. Chose qui a permis à l'historien de proposer que chacun s'exprime dans la langue qui l'arrange et de ne surtout pas politiser la langue. Une anthropologue présente, va plus loin en disant que l'on peut même parler de laïcité linguistique face à cette double identité que l'usage de plus d'une langue invoque. Etant de la même discipline, Youssef Seddik a rebondi pour dire que la langue n'est pas seulement une question d'identité mais aussi de dignité. Et d'ajouter qu'il faut faire la distinction entre l'identité individuelle et celle du groupe. Cette dernière est justement à définir. Ce qui nous ramène au débat principal de savoir quelle relation devrait-il y avoir entre l'Etat et la religion dorénavant. Le débat a notamment pu être recentré en rappelant, par l'initiative de Nadia El Feni, le premier article de la Constitution qui stipule que «la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, l'islam est élevé au rang de religion d'Etat et l'arabe au rang de langue officielle» (wikipedia). Pour Youssef Seddik, il faudrait qu'il n'y ait plus de mention de la religion dans la constitution car c'est une affaire individuelle, l'Etat n'étant pas une personne morale, ne peut adopter de religion. En même temps, l'espace public se doit d'accepter toutes les croyances et non pas de les effacer. C'est ce qu'il a avancé en réponse à un exemple cité par Nadia El Feni dans son plaidoyer pour la laïcité, celui de la réouverture de la mosquée de l'Enit, suite à quoi de nombreuses voix ont revendiqué d'avoir des mosquées dans toutes les facultés. «Il s'agit d'un équilibre très fragile», c'est du moins ce que pense Hassen Annabi : «Il ne peut y avoir de laïcité sans consensus et il faut distinguer entre Etat musulman et Etat islamiste pour que la vision soit plus claire». A son tour, Mohamed Heni, journaliste, a affirmé que la laïcité est une arme à double tranchons où non seulement la religion n'intervient pas dans l'Etat mais où ce dernier n'intervient pas dans la religion également. Des divergences d'avis qui vont de la nécessité à accepter la différence et la liberté personnelle à celle de défendre des valeurs communes qui respectent les choix de chacun, Hassen El Annabi a fini par conclure qu'il y a une peur qui règne et qui revient selon lui au fait «que l'on a pas encore expérimenté la démocratie, seule capable de nous mener au consensus». De son côté, Youssef Seddik admet que la laïcité est «un mauvais concept» et qu'il faut en trouver un autre qui nous convienne en particulier…


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