Par Abdelhamid GMATI On nous dit qu'une révolution détruit. Un dictionnaire nous explique que : «Une révolution est, au sens politique ou social, un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener, un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d'un Etat, et qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend ou tente de prendre le pouvoir». C'est ce que nous vivons. Et ce que nous vivons c'est surtout un besoin irrésistible de s'exprimer et d'être écouté, par toutes les franges de notre population. Rappelons-nous le jeune et regretté Bouazizi : il s'est immolé, non pas parcequ'on l'avait empêché de vendre des produits sur sa petite brouette; ça , il y était presque habitué et on venait régulièrement l'en empêcher avec plus ou moins de sanctions matérielles et financières ; non son désespoir extrême venait du fait qu'il n'avait plus de recours, qu'il n'était plus entendu ni écouté, par ceux qui, par leur fonction, devaient l'écouter, d'être à l'écoute du citoyen. D'où cette explosion d'expressions, de dires, dans la rue, dans les médias, dans les cafés, dans la rue, dans les endroits publics. Le mot d'ordre est de dire. Et nous disons, tous tant que nous sommes. Et maintenant ? Que faire ? Un seul mot d'ordre : construire. La révolution a détruit la dictature, son système : c'est un fait irréversible. Tous les Tunisiens s'y apparentent, ceux de l'intérieur et ceux de l'extérieur. Nous avons identifié et condamné les coupables et nous allons leur demander de rendre des comptes. Est-ce notre but ultime ? Bien sûr que non. A écouter nos concitoyens et leurs revendications, ils demandent plus. Réparer les injustices, recouvrer leurs droits, avoir droit à ce que la loi leur garantit, être des citoyens libres, responsables, indépendants et producteurs. C'est là notre nouveau défi : consolidons cette révolution et la consolider. Comment ? Après avcoir détruit les obstacles, les malversations etc., il nous faut construire. L'économie du pays et tous les autres secteurs en ont besoin. D'abord faisons un constat : parmi les particularités de notre pays, est l'existence d'un Etat qui est là depuis des décennies pour ne pas dire des siècles. Une des preuves ? En deux jours et malgré les circonstances exceptionnelles, les salaires ont été payés à temps, normalement. Et ils le seront le mois prochain. Ce qui veut dire que nous avons un Etat qui fonctionne, positivement et efficacement. Indépendamment de la composition d' un gouvernement. Continuons donc à construire. D'abord préservons nos acquis. La Tunisie, le peuple tunisien a réalisé beaucoup de choses, sous Bourguiba, aussi bien que sous Ben Ali. Nous avons fait des choses extraordinaires dans tous les domaines. Et ils n'ont rien à voir avec la tête de l'Etat. Le pont de La Goulette-Radès, est-ce Ben Ali qui l'a réalisé ? Certes, il y a un membre de sa famille qui s'y est sucré. Mais le pont ? Il a été conçu et réalisé par des ingénieurs, des architectes, des entrepreneurs, des employés, des ouvriers tunisiens et japonais. Et ceci n'est qu'un exemple. Et il y en a d'autres, comme les autoroutes et toutes les autres infrastructures. Et toutes ces entreprises créatrices d'emplois ? Elles ont été initiées et réalisées par des entrepreneurs, des hommes d'affaires, des ingénieurs, des employés, des ouvriers tunisiens. Notre défi aujourd'hui est de continuer de construire. Alors, arrêtons de nous regarder le nombril et continuons à construire. Indépendamment des conditions plus ou moins exceptionnelles.