Le couffin de la ménagère a été quelque peu menacé durant les dix premiers jours d'après le 14 janvier. Les Tunisiens craignaient fort pour leur approvisionnements en denrées de base, puisqu'ils étaient plongés du jour au lendemain, dans une situation politique critique. Dans cette période, où la majorité des commerçants avaient baissé leurs rideaux, le Marché central, lui, poursuivait, un tant soit peu, son activité. Aujourd'hui, et malgré la sécurité qui a repris d'une manière significative, le consommateur tunisien a du mal à renouer avec ses habitudes consommatrices d'autrefois. A une offre abondante s'oppose, alors, une demande timide. Il est 11h00 en ce vendredi 4 février. Les échos des marchands qui crient leurs produits résonnent dans les environs du Marché central. Dans les quatre issues de ce point de vente capital de Tunis, quelques consommateurs entrent et ressortent sans un surplus de sachets dans les mains. Contrairement à l'accoutumée, l'activité ne semble point à son paroxysme. Mohamed Ayari est un marchand spécialisé dans la vente des pommes de terre. Il traîne 30 ans de carrière dans ce lieu. Mohamed trouve que l'activité commerciale y a nettement régressé depuis la révolution populaire. «La demande a baissé de près de 80%. Une régression qui vient aggraver celle que nous vivions depuis près de 15 ans, à cause, sans doute des intrus dans ce domaine, de la fourrière qui empêche les consommateurs de se déplacer jusqu'au Marché central à bord de leurs véhicules mais aussi à cause de la rude concurrence des grandes surfaces», indique-t-il. Il explique cette baisse remarquable de la demande par la régression du pouvoir d'achat de bon nombre de concitoyens. «Les gens ont peur de manquer de moyens car pour l'instant, rien n'est vraiment sûr. Au lieu de dépenser 10 dinars, ils se contentent de deux, ce qui est tout à fait compréhensible», ajoute-t-il. A la baisse du pouvoir d'achat, s'ajoute l'augmentation des prix de certains produits de base, notamment les légumes et les fruits. Jamel Taleb est fonctionnaire. Habitué à s'approvisionner au Marché central, il a remarqué l'augmentation récente des prix des légumes comme les poivrons et les tomates. «Les tomates coûtaient 400 millimes le kilo il y a quelques jours. Actuellement, son prix a atteint les 1dt100. Sans parler, bien sûr, des prix des fruits et du poisson qui sont constamment assez salés», fait-il remarquer. Un avis que partage Hayet, femme au foyer. Cette consommatrice a remarqué que les prix ont sensiblement baissé durant les dix premiers jours de l'après révolution. Puis, la fourchette des prix a augmenté. «Le petit pois se vendait à 1dt100. Actuellement, il a atteint les 1dt800». Jamel Taleb saisit, par ailleurs, l'occasion pour critiquer la qualité insatisfaisante de certains produits. Pourtant, on peut dire rien qu'à examiner les étals que la qualité des produits ne manque pas. Baisse des prix des volailles La panoplie des fruits exposés en dit long sur les variétés disponibles et sur celles, importées. Lotfi Ben Alaya est un marchand de fruits. Il confirme non sans enthousiasme que l'offre ne manque pas. «Tout est, en fait, disponible et l'approvisionnement ne risque pas de faire défaut. Cependant, la demande est nettement inférieure à la normale. Un bon nombre de visiteurs ne fait que passer. Les gens sont en manque d'argent», avoue-t-il. Il souligne, d'un autre côté, que les prix ont pris entre 100 et 200 millimes par kilo. Côté volailles, les choses semblent s'améliorer. C'est du moins ce que constate Sofiène Trabelsi, marchand de volailles depuis 20 ans. Selon ses propos, le problème d'approvisionnement n'a duré que les 10 premiers jours d'après le 14 janvier. Puis, tout est retourné à la normale. «Actuellement, les prix des volailles ont baissé par rapport à cette période critique de 400, voire de 500 millimes par kilo. Ainsi le kilo de poulet ne se vend plus à 5dt mais à seulement 4dt140», souligne notre interlocuteur. Il précise, par ailleurs, que le problème du secteur des volailles date de près de trois ans, date marquant notamment l'interdiction de l'abattage sur les points de vente. «Depuis, le prix est devenu trop mercuriel pour être pratique. Il peut être changé plusieurs fois en une semaine, et ce, au détriment et du consommateur et du commerçant», note-t-il. ------------------------------------------------------------------------ Ardoise des prix Ce sont essentiellement les produits alimentaires basiques qui ont pris quelques centaines de millimes ces derniers jours. En effet, pour ce qui est des prix des légumes, il y a lieu de noter que les pommes de terre se vendent à 540 millimes le kilo; les poireaux à 480 millimes. Le prix des poivrons est à 1,600DT le kilo. Les piments sont à 1,840DT. Le prix des petits pois a atteint les 1,800DT. Plus chères , les courgettes se vendent à 2,070DT. Les aubergines sont à 1,495DT. Le prix des carottes et celui du citron sont fixés à 600 millimes le kilo. Les artichauts sont à 850 millimes le quart. Côté fruits, les prix s'avèrent plus acides: les poires de fin de saison sont à 3,450DT. Les oranges de variété thomson sont à 1,840DT. Les mandarine de fin de saison sont à 2,300DT. Les bananes sont à 2,500DT. Pour ce qui est des pommes importées, notamment de couleur jaune et rouge, elles se vendent à 5DT le kilo. Les fraises se vendent à 1,500DT les 500 grammes. Par ailleurs, les oranges dites «sakasli» sont à 1,380DT. Les pommes vertes se vendent à 1,680DT. Quant aux figues de Barbarie, elles sont à 3,980DT. D.B.S.