SANTIAGO (Reuters) — Le milliardaire Sebastian Pinera, qui devait prêter serment hier comme nouveau Président du Chili, compte appliquer au pays les méthodes qui ont fait sa fortune dans le monde des affaires. Il entre en fonctions moins de deux semaines après un violent tremblement de terre, suivi d'un tsunami, qui a fait environ 500 morts et causé des dégâts considérables. En remportant, le 17 janvier dernier, le second tour de l'élection présidentielle par près de 52% des voix face à Eduardo Frei, Sebastian Pinera a mis fin à vingt ans de domination du centre-gauche sur la vie politique du pays. Cet homme d'affaires a su se démarquer de l'héritage de la dictature militaire d'Augusto Pinochet, marquée par la mort ou la «disparition» de plus de 3.000 personnes et quelque 28.000 cas de torture. L'un de ses frères, José, fut ministre de Pinochet et une partie de son entourage a travaillé sous la dictature. Mais Sebastian Pinera n'est entré au Sénat qu'en 1990, à la fin des 17 années de pouvoir de Pinochet, et le nouveau Président a su attirer l'électorat modéré en se présentant comme le chef de file d'une nouvelle droite «décomplexée» et d'un homme d'affaires ayant fait fortune grâce à un travail acharné. Agé de 60 ans, le nouveau Chef de l'Etat chilien est le fils d'un important responsable politique centriste. Diplômé d'économie à l'université américaine d'Harvard, ce père de quatre enfants et grand-père de trois petits-enfants pilote lui-même son hélicoptère et avoue une passion pour la plongée sous-marine. Il a fait fortune en introduisant les cartes de crédit au Chili dans les années 1980 et est l'un des principaux actionnaires de la compagnie aérienne LAN. Il possède également des participations dans une équipe de football et une chaîne de télévision. Lors de sa campagne, il a promis de vendre certaines de ses entreprises pour se consacrer pleinement à son mandat, de revoir la gestion des entreprises publiques, comme le producteur de cuivre Codelco, numéro un mondial, de créer un million d'emplois et de stimuler la croissance de l'économie, qui sort de sa première récession en dix ans. Un programme dont le séisme du 27 février pourrait retarder la mise en application. Les détracteurs de Pinera estiment que ses projets d'inspiration libérale reposent trop sur la reprise économique mondiale et sur l'investissement du secteur privé. Mais le nouveau Président ne devrait pas modifier fondamentalement la politique économique prudente qui a permis à Michelle Bachelet de faire face à la crise et de faire de l'économie chilienne l'une des plus stables du sous-continent. Ses rivaux l'accusent d'avoir profité de son mandat de sénateur dans les années 1990 pour récolter des informations confidentielles et mieux orienter ses investissements. Mais Sebastian Pinera, qui n'apprécie guère d'être comparé dans les médias au président du Conseil italien Silvio Berlusconi, dément toute malversation. Egalement fondateur de la première banque d'investissement chilienne dans les années 1980, le successeur de Michelle Bachelet a été condamné en 2007 à une amende de quelque 700.000 dollars pour délit d'initié un an plus tôt. Il avait acheté des actions LAN à la veille de la publication des résultats de la compagnie.