De notre correspondant à Paris Près d'un mois après la chute du régime, l'identification complète de l'ensemble du patrimoine immobilier parisien du clan Ben Ali, de ses proches et de leurs associés continue à défrayer la chronique. Il ne se passe pas une semaine sans que les gazettes locales du bord de Seine n'apportent leur lot de nouvelles révélations sur un appartement ou un immeuble acquis par les membres de l'ancien pouvoir grâce à de malicieux tours résultant de jongleries financières et à l'usage systématique et complaisant de prête-noms via des sociétés civiles immobilières propres à masquer efficacement les noms des véritables bénéficiaries de ces opérations de blanchiment. A ce jour, près d'une demi-douzaine d'adresses sises dans les beaux quartiers de Paris ont été mises à jour par les médias. Moncef Mzabi a élu domicile place Victor Hugo dans le très chic XVIe arrondissement, Nesrine Ben Ali et Sakhr El-Materi se sont logés en mars 2010 dans un immeuble à cinq niveaux à l'angle de la rue Le Sueur et de la rue du Bois de Boulogne, à deux pas de la prestigieuse avenue Foch près de l'Arc de Triomphe; les frères Mabrouk habitent place des Etats-Unis depuis 2005, mais détiennent aussi un appartement rue de Galilée ainsi qu'un autre pied-à-terre boulevard Saint-Germain; Moncef El-Materi a acquis deux appartements mitoyens rue d'Odessa à Montparnasse; Slim Chiboub et Dorsaf Ben Ali ont établi leurs pénates avenue Kléber en 2007; et, pour finir, ce qui pourrait être le clou de cet impressionnant florilège patrimonial si l'enquête diligentée par la justice tunisienne auprès des services antiblanchiment français le confirme, un hôtel particulier dans le quartier du Marais estimé à 38 millions d'euros que Leïla Trabelsi se serait offert en octobre dernier! Cette longue traque a commencé à la fin du mois dernier suite à l'action enterprise par trois ONG : Transparency International, Sherpa et la Commission arabe des droits humains. Ces trois organisations ont déclenché une action pénale pour "corruption, détournement de fonds publics et blanchiment aggravé". Peu après, le parquet de Paris a saisi d'une enquête préliminaire l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière et le service anti-blanchiment du Tracfin. Puis, au début du mois de février, l'Union européenne décidait le gel des avoirs de l'ex-président Ben Ali et de Leïla Trabelsi ainsi que de 46 personnes considérées comme membres du premier cercle de leur entourage immédiat.