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Main basse sur Jebel Ressas
Affaire «Carthage Cement»
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 02 - 2011

L'affaire «Carthage Cement» n'a pas encore livré tous ses secrets. On parle d'un grand scandale financier. Aucun expert n'a encore compris de quelle manière Belhassen Trabelsi, en s'associant avec Lazhar Sta, propriétaire de «Les carrières du Nord», a pu faire main basse sur la carrière de Jebel Ressas, la transformer en propriété privée, puis l'introduire en Bourse et la vendre en actions. Voici quelques éclairages et quelques questions que nous nous sommes posées d'après le document constitutif de la société «Carthage Cement».
Pourquoi nous sommes-nous intéressés à cette affaire‑? Tout simplement parce que des ouvriers de «Carthage Cement» nous ont déclaré ce qui suit‑: «Nous étions contents de voir débarquer à la société «Carthage Cement» de Belhassen Trabelsi un auditeur pour gérer cette société et faire justice dans cet endroit où pendant des années nous étions exploités. Nous avons cru que la révolution portait ses fruits. Mais nous étions surpris de voir l'action de l'auditeur anéantie et l'associé de Belhassen Trabelsi, Lazhar Sta, nous annoncer qu'il sera le nouveau P.-d.g de la société, que désormais Jebel Ressas lui appartenait, et que les ouvriers sont obligés d'accepter ces conditions».
Pourquoi le séquestre judiciaire, qui allait mettre la main sur «Carthage Cement», a vu son action ralentie‑? Y aurait-il encore corruption sous roche‑? Comment une société fondée sur une grosse entourloupe financière par Belhassen Trabelsi continue encore à être gérée par la même «équipe»‑? Bref, ce sont des questions que nous nous sommes posées d'après ce témoignage. Puisque ce témoignage n'engage que ces ouvriers, nous n'avons pas pu le cautionner. Mais notre curiosité professionnelle nous a poussé à consulter le «Prospectus et contrôle des comptes» consultable sur www.carthagecement.com.tn. C'est cette lecture qui nous a permis de corroborer en quelque sorte ces dires et de nous poser ces questions sur le mystère de la prise de Jebel Ressas.
C'est au mois d'octobre 2008 que la société «Carthage Cement» voit le jour. Le site en question est celui de Jebel Ressas situé à une trentaine de kilomètres de Tunis, dans la région de Mornag. «Carthage Cement» est le résultat d'une scission totale de la société «Les Grandes carrières du Nord», une société de production d'agrégat qui dispose d'une concession de l'Etat pour exploiter l'un des versants de Jebel Ressas. «Carthage Cement» est donc né avec pour président du conseil d'administration Belhassen Trabelsi et pour directeur général Lazhar Sta, qui a jusque-là la concession de la carrière et dont la société est très endettée avec les banques croit-ton savoir.
Objectif annoncé de la société : exploitation de la carrière de Jbel Ressas, production de ciment et production de béton prêt à l'emploi à partir d'octobre 2010. Notons que jusqu'au mois de janvier 2011, alors que les actions ont été vendues en Bourse, aucune production n'est sortie de «Carthage Cement».
Une première question que l'on se pose : comment se fait-il que quelqu'un comme Belhassen Trabelsi, connu pour sa gourmandise pour les affaires juteuses, ait pu se «pencher» pour repêcher une entreprise comme les «Carrières du Nord»‑?
Rappelons que cette dernière (d'après la fameuse liste qui s'est «échappée» de la Banque centrale il y a quelques années) est endettée de quelque 70 milliards de millimes auprès des banques. Réponse : Belhassen Trabelsi n'aurait pas pu résister à l'offre de Lazhar Sta selon laquelle une simple concession sur Jebel Ressas, propriété de l'Etat, se transforme en propriété privée à parts égales entre les deux associés. Cela permettra également d'éponger la dette des «Carrières du Nord» par la même occasion.
Voici ce qu'on lit sur les documents «Prospectus et contrôle des comptes» de la société «Carthage Cement» : «Les éléments d'actifs sont constitués principalement du terrain objet de la carrière, de la carrière en tant que gisement, de constructions, de matériel d'extraction…» (p. 30)
Or, les fondateurs de «Carthage Cement» n'ont pas un droit de propriété sur la carrière de Jebel Ressas pour qu'ils puissent l'inscrire à l'actif de leur société. Ils n'ont eu en leur possession qu'une concession de l'Etat et une autorisation d'exploitation pour 6 mois‑! Voici ce qu'on lit dans la page 70‑: «Carthage Cement bénéficie d'une autorisation d'exploitation sur des terrains en pleine propriété d'environ 218 hectares dans une zone potentiellement exploitable largement plus étendue. Cette autorisation est donnée pour une durée de six mois». La question est évidente : comment peut-on introduire dans le capital ensuite en Bourse une carrière sur laquelle on n'a droit d'exploitation que pour 6 mois‑? La carrière a été évaluée (ou surévaluée) à environ 300 milliards de millimes pour être introduite dans le capital.
Il y a de quoi s'inquiéter également sur l'avenir de la région puisqu'il semble que l'impact environnemental de l'exploitation de la carrière est des plus terribles sur la région agricole de Mornag… Mais pas seulement ! Au quotidien, les explosifs ébranlent silencieusement le barrage d'El Hma, situé à 1 km seulement de la carrière.
Une affaire à suivre de très près !


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