Son siège de membre du jury de la Berlinale restera vide. Mais les organisateurs rendent hommage au réalisateur iranien à travers une lettre ouverte de Panahi, des projections de ses films et des discussions «On m'a interdit de penser et d'écrire pour vingt ans. Mais on ne peut pas m'empêcher de rêver que dans vingt ans, les persécutions et les intimidations d'aujourd'hui auront été remplacées par la liberté en général et celle de penser en particulier. Je ne cesserai jamais de rêver que lorsque je pourrai à nouveau tourner des films, ils seront consacrés à la paix et au bien-être dans mon pays.» Le siège de Jafar Panahi était symboliquement resté libre lors de la cérémonie d'ouverture du festival du film de Berlin jeudi dernier. Une lettre du réalisateur iranien a été lue sous les applaudissements nourris du public. Jafar Panahi avait été condamné à six ans de prison dans son pays peu après l'invitation de la Berlinale à participer au jury de cette édition 2011. Il lui est interdit pendant vingt ans d'exercer son métier. Pour la troisième fois depuis le festival de Cannes l'an dernier et la Mostra de Venise en septembre, le réalisateur iranien reconnu internationalement était invité à siéger au sein du jury d'un important festival du film. La décision de Berlin était un acte de solidarité à l'égard de Jafar Panahi alors que le réalisateur avait déjà des ennuis avec le pouvoir iranien. Le directeur de la Berlinale, Dieter Kosslick, s'était déclaré «effondré» après l'annonce de la condamnation de Jafar Panahi. Le délégué aux droits de l'homme du gouvernement allemand, Markus Löning, avait qualifié le jugement «d'inacceptable». Jusqu'à ces derniers jours, les organisateurs du festival du film de Berlin espéraient que Jafar Panahi puisse se rendre dans la capitale allemande. Mais leurs espoirs ont été déçus. La Berlinale, fidèle à sa réputation de festival politique, n'entend pas pour autant s'incliner dans le silence face à la décision de Téhéran. Le festival a projeté vendredi après-midi, en présence de personnalités, le film le plus populaire du réalisateur iranien, Hors-jeu, qui avait obtenu un Ours d'argent à la Berlinale en 2006. D'autres films de Jafar Panahi seront projetés dans différentes sections du festival. Jeudi prochain, une discussion sur la censure réunira des cinéastes iraniens dont le réalisateur Rafi Pitts qui vit en exil à Paris, à l'origine des manifestations de solidarité de vendredi avec Jafar Panahi en ce jour anniversaire de la révolution islamique.