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Jafar Panahi fait de la résistance
Vu à Cannes - «Ceci n'est pas un film»
Publié dans Le Temps le 26 - 05 - 2011

Par notre envoyée spéciale : Neila Gharbi - Peut-on filmer quand on est enfermé, autrement dit assigné à résidence ? Certainement. On appelle le genre, un huis clos. Le réalisateur iranien Jafar Panahi a été condamné, en décembre 2010, à six ans de prison et à une interdiction de tourner des films, d'accorder des entretiens à la presse et de quitter le territoire pendant vingt ans et ce pour avoir filmé des manifestations lors de la réélection du président, Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2009.
Cette sanction a empêché le réalisateur de participer, l'an dernier, au jury de Cannes. Son siège était resté vide et des manifestations de soutien ont été organisées par les professionnels du cinéma et des amis du cinéaste sur la Croisette. Mais un réalisateur de la trempe de Panahi ne peut rester les bras croisés. Malgré son enfermement chez lui, il a réalisé un film avec une économie de moyen surprenante et une sobriété considérable. Tourné entièrement en intérieur, « Ceci n'est pas un film » est une auto-mise en scène à la fois drôle et émouvante dans laquelle le réalisateur fait de son cas le sujet de son film.
Le film sous-tend l'insidieuse brimade d'un pouvoir qui interdit la liberté d'expression et emprisonne ceux qui la pratique. Mais lorsque l'artiste s'appelle Jafar Panahi, et qui ne peut faire autre chose que filmer, alors il filme envers et contre tous et son œuvre franchit clandestinement les frontières et se retrouve sur l'un des plus prestigieux écran du monde. Dans l'attente d'être jeté en prison, il se filme. Comment va-t-il filmer ? Que va-t-il dire ? Quel scénario pour le film ? On hésite à classer cette œuvre ? Est-elle du genre documentaire ou de la fiction ? Ou alors les deux à la fois ?
On va dire qu'elle est mi-documentaire, mi-fiction. D'un réalisme bouleversant, « Ceci n'est pas un film » raconte le quotidien de Panahi. Seul à la maison, on le voit prendre son petit déjeuner, téléphoner à son avocate pour s'informer de l'avancement de son jugement, imaginer la réalisation de son prochain film dont le scénario a été censuré, enfin établir des projets d'avenir, dialoguer avec son iguane et cela sous la caméra complice et vigilante de son ami documentariste Mojaba Mirtahmab. Ceci dans la première partie du film.
La deuxième partie, son ami doit le quitter pour rentrer chez lui mais lui laisse la caméra. En lui ouvrant la porte, il tombe net sur le gardien de l'immeuble qui procède au ramassage des poubelles. Alors, il décide de le suivre dans l'ascenseur et s'engage entre eux une conversation où on découvre petit à petit l'identité du jeune gardien, qui a un diplôme d'artiste, mais fait de menus boulots pour subvenir à ses besoins. Le film, qui ne dure que 1h15, se termine devant les barreaux de la grille de l'immeuble à travers laquelle on entend les pétarades et aperçoit les incendies occasionnés par la célébration illégale de la fête du feu. Il fait nuit.
L'angoisse, le désœuvrement, l'enfermement et le refus de la résignation sous-tendent cette œuvre tournée avec trois fois rien, sans acteur et sans décor, juste le strict minimum. Une œuvre pour ne pas dire un chef-d'œuvre humble que le réalisateur a l'humilité de ne pas la qualifier de film. Pourtant, c'en est un et du meilleur cru de la production iranienne de ces dernières années.


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