• Un manque à gagner qui inquiète les éleveurs Le lait souffre-t-il d'un problème de surabondance‑? La production journalière actuelle coïncide avec la période de haute lactation qui s'étend de mars à août, et qui a été,cette année, plus longue que d'ordinaire, ce qui expliquerait en grande partie la surproduction du lait. Devant le surplus de leurs stocks, les centrales de collecte, qui réceptionnaient, jusqu'ici, le lait chez les éleveurs pour ensuite assurer l'approvisionnement du marché, refusent, pour la plupart, de le faire, attendant d'écouler les stocks en réserve. Ce manque à gagner pesant pour les petits agriculteurs figure parmi les préoccupations de l'Office du commerce tunisien qui a commencé à envisager des solutions pour sortir les agriculteurs de la crise. Selon Habib Dimassi, directeur chargé du commerce intérieur, la réduction des stocks, condition exigée par les centrales laitières pour continuer à assurer normalement la collecte du lait auprès des agriculteurs, passe par une augmentation de la consommation du lait dans les foyers. Or, pour l'heure, la moyenne s'élève à la consommation d'un litre par jour par foyer, ce qui n'est pas suffisant pour absorber l'offre. De son côté, le ministère de la Défense nationale a prévu d'acheter cinq millions de litres de lait pour l'approvisionnement de ses régiments. L'exportation est une autre solution envisagée par l'Office, qui dispose actuellement d'un stock de 30 millions de litres. L'année dernière, 4,6 millions de lait ont été exportés essentiellement vers la Libye, ce qui n'a pas permis, toutefois, de réduire le stock actuel et de réguler le marché de l'offre et de la demande. Pour cette année, l'Office va augmenter le volume des exportations de lait, en exportant 13 millions de litres vers la Libye et probablement vers d'autres pays du Maghreb arabe. La mise en activité du centre de séchage du lait, dont les portes étaient fermées jusqu'ici, va, par ailleurs, permettre d'assurer le séchage de 13 millions de litres de lait qui seront directement destinés à la production des dérivés du lait (yoghourt, fromage....). Pour faire face à la hausse de la demande pendant la haute saison touristique, le mois de Ramadan, ainsi que la période de basse lactation, l'Office a prévu de constituer un stock régulateur de 50 millions de litres de lait. Vente du sucre en poudre : les détaillants préfèrent vendre le sucre en morceaux, plus rentable Autre denrée de base qui pose problème‑: le sucre en poudre. L'Office du commerce, qui gère l'importation et la distribution de ce produit, a constitué un stock de réserve de 125 mille tonnes, correspondant à quatre mois de consommation nationale. L'OCT a toujours importé jusqu'ici suffisamment de tonnes de sucre en poudre pour répondre à la demande, mais la distribution fait souvent problème. En effet, outre les grossistes qui ne veulent pas l'acheter de l'Office pour le revendre, en raison du peu de bénéfices qui en découlent, certains petits détaillants refusent également de le commercialiser, lui préférant le sucre en morceaux. "Le sucre est un produit subventionné par l'Etat, explique le directeur du commerce intérieur. Cela pèse lourd sur le budget de l'Office du commerce, car le prix du sucre a enregistré une hausse sur le marché international au cours de ces deux dernières années". Pourtant les grossistes qui achètent le sucre en poudre auprès de l'Office pour ensuite le revendre auprès des petits détaillants sont mécontents et désirent qu'on revoie à la hausse leur marge bénéficiaire. " Les grossistes aussi bien que les petits commerçants ne trouvent pas rentables la vente du sucre en poudre car leur marge bénéficiaire est faible. Elle n'a pas été révisée depuis maintenant vingt ans. Par ailleurs, certains petits commerçants ne veulent pas vendre du sucre en poudre, déplorant une perte du produit au cours de la pesée. Ceux qui vendent du sucre en poudre sont ceux qui peuvent compenser le manque à gagner par les bénéfices dégagés de la vente d'autres produits ", ajoute M. Dimassi. Afin de compenser ce manque à gagner, l'Office a pensé à une ingénieuse idée consistant à emballer, à l'instar du sucre en morceaux, le sucre en poudre dans un support en carton, ce qui permettrait, d'une part, d'éviter la pesée pour les petits commerçants et, d'autre part, de créer des unités d'emballage pourvoyeuses d'emplois. Mois de Ramadan‑: approvisionnement en chiffres L'Office dispose d'un stock d'huile végétale de 24 mille tonnes et prévoit l'achat de 50.000 tonnes pour la période à venir. Il a par ailleurs constitué des stocks de réserve de 40.000 tonnes de café et de 3.500 tonnes de thé, soit l'équivalent en moyenne de quatre mois de consommation. S'agissant des préparatifs pour le mois de Ramadan, l'OCT a commencé à constituer des stocks régulateurs. Ainsi il prévoit, afin de faire face à la demande, de constituer un stock de 45.000 tonnes de pomme de terre de saison et de 75 millions d'œufs, outre les 37 millions déjà disponibles. S'agissant des viandes blanche et rouge, depuis deux ans, l'Office importe des petits veaux qui sont nourris et engraissés en Tunisie. Par ailleurs, il a constitué un stock de 2.000 tonnes de viande bovine et 1.000 tonnes de viande ovine. S'agissant de la viande blanche, outre un stock de 3.729 tonnes de poulet congelé, l'OCT prévoit de constituer un autre stock de 2.700 tonnes. Le mois de Ramadan coïncidera avec le mois d'août qui correspond au repos biologique des poissons. Pour approvisionner le marché local, l'Office assurera l'importation de poisson, en procédant à une baisse de la taxe.