A l'aube de la révolution, l'accès aux produits de base était difficile à cause, notamment, de la fermeture de la majorité des commerces et de la réduction de l'activité des boulangeries. Situation qui n'a pas manqué de semer une inquiétude auprès de nos concitoyens. Un mois après les évènements du 14 janvier, ces inquiétudes ne se sont pas, totalement, dissipées. En effet, si certains continuent à crier leurs revendications politiques et sociales, ne se souciant guère de l'économie du pays, d'autres pensent surtout au lendemain de ces troubles et se demandent si demain, il n'y aurait pas de pénuries dans certains produits de base. Des inquiétudes légitimes et justifiées d'autant plus que certains se plaisent à diffuser les fausses informations et à semer la peur. M. Habib Dimassi, directeur général d la qualité, du commerce intérieur, des métiers et des services, a cherché à donner une idée précise sur la situation du stock et de l'approvisionnement relatifs aux produits dits sensibles, en l'occurrence le sucre, le lait, les œufs, les viandes rouges et les viandes de poulet. S'agissant du sucre, produit que certains disaient manquant sur le marché, il note qu'aucun problème n'a été relevé par l'Office du Commerce Tunisien (OCT). Il cite, toutefois, le prix plutôt élevé de ce produit à l'importation et note que c'est un produit subventionné par l'office précisant que le kilo de sucre vendu à 970 millimes est acheté à 1d 400 et ajoute que la seule difficulté consiste à supporter cette différence de prix. Pour ce qui est de la pénurie remarquée par certains citoyens, il relève qu'elle touche essentiellement le sucre moulu que certains commerces évitent du fait que c'est un produit qui pose un problème aussi bien dans sa conservation que dans sa vente. S'agissant du stock de sucre disponible, il souligne qu'il est de 125 000 tonnes, quantité qui couvre les besoins nationaux jusqu'à juin 2011. Pour ce qui du lait, M. Dimassi relève que le stock actuel est de 29,8 millions de litre et précise qu'il s'agit, en cette période de l'année, d'un excédent de production. Il ajoute, par ailleurs que 4,7 millions de litres ont été exportés en 2010. La période de haute lactation située entre mars et août s'accompagnera par un excédent de production. Notre interlocuteur précise, à ce propos, que des solutions sont en cours d'être étudiées afin de diminuer le stock. Il cite notamment l'exportation et la distribution d'une partie du stock aux familles défavorisées et aux collectivités. S'agissant de cette dernière éventualité, il précise que des négociations sont en cours avec le ministère des Finances concernant l'achat de 5 millions de litres. Il relève, en outre, qu'en vue d'améliorer la réception du lait par les centres de collecte qui se retrouvent parfois dans l'impossibilité de recevoir toute la production, des solutions ont été identifiées : il s'agit, entre autres, de la réouverture de l'unité de séchage (fermée en 2007 car les quantités produites étaient insuffisantes). Cette unité assurera le séchage de 14 millions de litres. Le lait en poudre sera remis aux usines où il sera utilisé en tant que matière première pour les dérivés tels le yaourt, le fromage… Le stock de lait prévu pour le mois de Ramadan est de 51 millions de litres. Pour ce qui est des œufs, notre interlocuteur relève que le stock actuel est de 37 millions d'unités et précise qu'un excédent de 20 millions d'unités a été enregistré en 2010. Il note, en outre, qu'en vue d'alléger les charges des producteurs, l'OCT a racheté 17 millions d'unités. Pour le mois du Ramadan, il précise que l'office compte stocker 75 millions unités d'œufs. Le stock actuel en viande de poulet est de 3.700 tonnes, la production prévue pour 2011 est de 103.000 tonnes sachant que la consommation mensuelle est de de 8.000 tonnes. S'agissant des viandes rouges, M. Dimassi précise qu'aucun recours à l'exportation n'a eu lieu et souligne que les prix de ces viandes ont enregistré une baisse palpable après les derniers évènements. Une baisse principalement due à l'infiltration sur le marché d'une grande quantité de viande. Le spécialiste souligne donc qu'aucune inquiétude n'est justifiée concernant l'approvisionnement du marché d'autant plus que les produits de base sont disponibles en stocks suffisants. Il relève, toutefois, que la consommation connaît une baisse qui serait, selon lui, le résultat d'un sentiment d'inquiétude de la part du citoyen qui préfère être prévoyant et réduire ses dépenses en attendant que la situation se stabilise.