• Tunisiens, Libyens et Algériens fuient le territoire libyen Depuis quelques jours, la Libye est devenue le théâtre de manifestations sanglantes et le bilan ne cesse de s'alourdir d'heure en heure. Les violences en cours ont pris de l'ampleur contre les Tunisiens qui ont commencé à fuir ce pays dès le début de l'insurrection populaire contre le régime du colonel Gueddafi et la menace d'un bain de sang brandi par son fils. «Du lundi matin jusqu'à minuit 5.800 ressortissants tunisiens ont regagné le pays», nous dit-on à Ras Jedir. Leur évacuation a été facilitée par l'effort accompli par le conseil populaire mis en place à Ben Guerdane avec la collaboration des militaires. Le lundi, à minuit, les autorités libyennes (armée, forces de sécurité et douaniers) ont quitté le poste frontalier de Ras Jedir, rappelées probablement en renfort ailleurs, «après avoir maltraité et humilié des centaines de Tunisiens et surtout les femmes», nous dit Jilani, qui l'a échappé belle à Ben Ghazi. Avant le départ des forces libyennes et pour éviter toute provocation ou confrontation directe, les volontaires de Ben Guerdane ont dressé une tente à «Jmila l'ancienne» à 10 km des frontières. Elle contient des médicaments et des produits alimentaires de première nécessité. «On est là, à plein temps, pour aider nos compatriotes, soigner les blessés d'entre-eux et les sécuriser afin de mettre fin à ce mouvement de panique», nous dit Mohamed Zraga, l'un des membres du conseil. Dans ce même contexte, nous avons appris qu'une autre équipe médicale est arrivée de Gabès en renfort. Pour ce qui est de l'évacuation, le transport de Ras Jedir à la ville de Ben Guerdane (30 km) est assuré gratuitement par des voitures privées pour tous les ressortissants quelle que soit leur nationalité, parce que, justement, il y a quelques familles libyennes qui ont fui leur pays, sans passeport, craignant une guerre civile et d'autres massacres. Trois autres tentes ont été dressées à proximité de la gare routière de la ville pour abriter ces revenants, du moment que tous les hôtels sont pleins. Pour permettre à ces ressortissants de regagner leurs villes natales, toutes les voitures de louage et de transport urbain ont été mises à leur disposition. Des bus sont arrivés en renfort de Zarzis, de Médeninee et de Kébili. Les bus réservés au transport scolaire sont également reconvertis occasionnellement pour faire de longs trajets. A présent, la circulation est fluide à Ras Jedir, 800 personnes sont passées, hier matin, par ce point frontalier. Elles ont été bien accueillies et leur rapatriement a été assuré dans de bonnes conditions. D'autres Tunisiens et Algériens sont attendus à tout moment pourvu qu'ils trouvent qui les dépose à la frontière.