Les avis des avocats sont partagés au sujet de la participation au jugement de l'ancien président et de sa famille dans plusieurs affaires. Mais les avocats sont unanimes pour soutenir et protéger la révolution tunisienne dont ils ont été quelque part des acteurs. Ils ont formulé leurs avis dans le cadre d'un débat animé par M. Néjib Ben Youssef, président de la section de Tunis du Conseil de l'Ordre des avocats, hier à la Maison du Barreau. Les avocats intervenant au débat ont formulé plusieurs remarques et rappelé certains principes déontologiques à respecter par tous les avocats. Ainsi, l'avocat doit faire preuve de rigueur dans l'exercice de son métier. Il peut défendre toute personne qui en fait la demande. Les avocats veulent donner "une leçon à l'ancien régime en leur faisant savoir que leurs droits sont préservés" dans le cadre d'un jugement équitable. Punis par la police politique Ainsi, des avocats peuvent être désignés pour défendre le président déchu. Un avocat a rappelé l'affaire de Gafsa (infiltration d'un commando de la Libye pour déstabiliser la Tunisie) et dont les auteurs ont eu droit à des avocats désignés – dont Me Abderrahmane Hila – qui se sont bien acquittés de leur devoir. Autrement dit, que défendre ses clients est un droit et un devoir pour l'avocat. Certains avocats estiment, cependant, que défendre des clients ordinaires pour meurtre, vol ou agression est une chose et défendre l'ancien régime et le clan des Trabelsi pour des actes de corruption et de spoliation des biens du pays en est une autre. Tous les Tunisiens sont d'ailleurs au courant de ces malversions qui sont à l'origine du soulèvement populaire et de la révolution tunisienne. Un intervenant a proposé au Conseil de l'ordre de désigner des avocats pour défendre l'ancien régime. Un autre avocat a rappelé que les avocats qui souhaitent défendre le président déchu et sa famille sont libres de le faire mais ne doivent pas faire l'objet de dénigrement dans les médias. Il ne faut donc pas commettre les mêmes erreurs que l'ancien régime. Lors du procès des islamistes, les avocats de la défense ont été punis par la police politique en exerçant des pressions sur eux et en endommageant les équipements de leurs cabinets. Même Me Hila n'a pas été épargné, se rappelle un avocat. Plusieurs intervenants pensent que l'avocat ne peut défendre le clan Trabelsi vu la gravité des affaires dont ils sont responsables. Pour les défendre, l'avocat doit être convaincu de la possibilité de leur innocence. Or, ce n'est pas le cas. Certains avocats pensent, tout de même, que pour protéger la révolution tunisienne, il faut organiser un procès équitable garantissant les droits de toutes les parties, y compris le droit de bénéficier d'un avocat. Et puis les investigations peuvent donner la possibilité de découvrir d'autres affaires qui n'ont pas été dévoilées jusqu'ici. Il faut protéger l'institution judiciaire et consacrer l'Etat de droit. Les intervenants ont manifesté leur refus d'amener des avocats de l'étranger pour défendre l'ancien régime et sa famille. Les avocats tunisiens sont compétents pour exercer leur métier dans les meilleures conditions. Le célèbre avocat français Me Vergès demande des millions pour défendre ses clients, souligne un intervenant. Comment l'ancien président peut-il recourir à cet avocat alors que ses avoirs sont gelés aussi bien en Tunisie qu'à l'étranger. Au cas où il n'y aurait pas d'avocats tunisiens pour les défendre, on est obligé d'avoir recours aux avocats de réserve.