Quand les choix ne sont pas partisans ou partiaux, c'est toute l'équipe nationale qui s'exalte. Débat il y a quelques jours sur la radio nationale. Sujet : la participation de notre onze représentatif au Chan. Participation et perspectives. C'est vrai que notre onze n'avait pas encore remporté la coupe mais c'est tant mieux ainsi. Tant mieux parce que cela nous a donné — encore une fois — une idée sur le décalage qui existe entre les potentialités réelles, la vérité profonde de notre football et une tendance (qui fait parfois loi) qui cherche la solution ailleurs, soit dans la poignée de nos professionnels à l'étranger. Une précision tout de même pour éviter un faux débat et un procès d'intention : nous n'avons rien contre ceux qui sont allés chercher fortune et reconnaissance hors de nos frontières, ce qui nous gêne par contre, c'est cette «culture» chez certains apprentis-sorciers qui veut que la priorité absolue soit accordée à nos émigrés. Pour revenir au débat, disons que la majorité est tombée d'accord sur le fait que le Chan était une occasion propice pour trouver de bonnes doublures, à la limite quelques prétendants titulaires à l'équipe nationale «A». Or, la victoire finale à Khartoum est venue nous confirmer ce que nous savions déjà : mis en confiance, motivés et bien encadrés, les locaux peuvent très bien se hisser au niveau de nos pros à l'étranger, voire les dépasser. Roger Lemerre et son adjoint de l'époque avaient consacré cette «discrimination» qui a donné ses fruits dans un premier temps, pour s'avérer calamiteuse par la suite comme en témoigne la chute vertigineuse de notre onze national depuis la victoire de 2004. Et pas uniquement au niveau des résultats mais aussi et surtout au niveau de l'ambiance qui s'est considérablement détériorée. A Khartoum, l'âme de Bouazizi et l'esprit de la révolution étaient bel et bien là, mais, sans la solidarité exprimée par les joueurs et sans la «légitimité» de l'ex-capitaine de l'équipe nationale, Sami Trabelsi, rien n'aurait été possible. Voilà pour les grands principes. Pour les détails, les prestations collectives et individuelles ont dépassé toutes les prévisions. Il y a bien sûr cette «motivation révolutionnaire» qui a tout emporté sur son passage mais il serait simple et facile de tout expliquer par cela. C'est que le groupe Tunisie a affiché de bien belles choses lors de ce Chan. Tactiquement : même si nous ne partageons pas toujours ce point de vue, il a été encore une fois constaté que notre équipe nationale s'exalte dans le jeu en contres. Quand ce n'est pas uniquement une option défensive. Pour preuve, cette finale face à l'Angola. Après sept à dix minutes de domination adverse, le onze tunisien a construit, attaqué, pressé et réussi trois buts. L'idéal serait donc qu'on redéfinisse l'identité tactique de notre onze représentatif à travers un équilibre entre le côté défensif et celui offensif. Individuellement : meilleur joueur du tournoi, Dhaouadi a prouvé aux anciens sélectionneurs qu'il avait dû être là où il est depuis au moins deux ans . La confiance de Sami Trabelsi et de ses coéquipiers lui ont donné des ailes et une nouvelle stature. Le même raisonnement est valable pour Abdennour, Kasdaoui, Traoui et même Jeridi, qui a prouvé qu'il est fin prêt. D'autres n'ont pas été au-dessus de tout reproche mais ils ont eu le mérite de faire le maximum. D'autres encore se sont bien attrapés, à l'instar de Msakni, auteur d'une superbe finale, et à un degré moindre Darragi qui est allé de son petit but face à l'Angola. Ne pas oublier enfin le banc. Ben Yahia, Chedy Hammami, Akaïchi, Hamza Younès et d'autres encore. Une chose est sûre: le Chan ouvre une ère démocratique en équipe nationale. Tout le monde aura sa chance. Mais tout le monde doit la mériter !