Pas besoin de faire un dessin aux joueurs pour leur faire comprendre que tout un peuple attend le premier titre… révolutionnaire Il y aura tout à l'heure deux matches : celui qui se disputera sur le terrain et celui qui se jouera dans la tête et dans le cœur des joueurs tunisiens. Le premier les opposera à l'Angola, formation jeune et redoutable, ambitieuse et technique ; à la chaleur étouffante, moite et humide de Khartoum et à la fatigue qui commence à faire son œuvre sur les organismes des joueurs comme nous avions pu le constater lors de la dernière confrontation face à l'Algérie. Puis, il y a le second match où on part largement favoris, quels que soient le nom ou la valeur de l'adversaire. Celui-là se jouera au mental. Sur ce plan bien précis, nos joueurs rêvent d'offrir à la jeune révolution son premier grand titre sportif. Avec sa meilleure performance mondiale sur 1.500 m, ses cinq médailles d'or en trois jours de compétition à Columbia et ses quatre victoires allant du 100 m au 1.500 m, notre champion olympique et du monde, Oussama Mellouli, a montré la voie. A nos footballeurs de s'y engouffrer, eux qui ont tant de choses à se faire pardonner… Du sang neuf ? L'équipe nationale est partie au Chan avec vingt-trois joueurs et très peu de titulaires. L'équipe et le jeu étaient à construire et à découvrir tant en défense, à l'entrejeu qu'en attaque. Nous en avons pour preuve cette défense expérimentale avec Gharbi, Souissi, Abdennour et Hichri ; ou encore ce milieu de terrain où Adel Chedly a pris de l'importance tant au niveau tactique que mental ; enfin, cette attaque où Kasdaoui rattrape le temps perdu. Onze ou quatorze joueurs qui se sont imposés par la force des choses (et sans doute de leur envie et de leur talent). Mais qui laissent deviner certaines défaillances et quelques choix propres à Sami Trabelsi. Les défaillances sont surtout à chercher du côté d'un duo dont le talent et parfois même le génie (même si tout est relatif) n'ont jamais été en cause, mais dont le long passage à vide commence franchement à apostropher. Il s'agit, bien sûr, de Darragi et Msakni qui ne peuvent et ne doivent pas quitter ce Chan sans y laisser de trace. Peut-être à l'occasion de la finale… C'est en tout cas ce que nous leur souhaitons et ce qu'on souhaite à notre équipe nationale, même s'ils partiront du banc. Puis il y a les choix propres à Sami Trabelsi comme cette défense expérimentale. Choix quelque peu forcés en l'absence de consensus et de défenseurs de stature comme cela a été longtemps le cas. Enfin, l'attaque où Dhaouadi est aujourd'hui au départ et à l'arrivée de tout le système offensif de notre onze. Zouheïr qui construit, dribble, déborde, centre et marque. Dhaouadi mis en confiance et responsabilisé par le sélectionneur et ses coéquipiers et qui prend une autre dimension en ce Chan. Là-bas en pointe, Kasdaoui a été préféré au meilleur buteur de l'actuel et du précédent championnat, Akaïchi, un choix purement tactique dans la mesure où cette équipe nationale qui évolue en contres a plus besoin d'un attaquant aux bons pieds que d'un attaquant percutant et puissant. Avec le meilleur Darragi ou le meilleur Msakni, c'est d'un buteur potentiel et supplémentaire dont notre onze dispose. Ce n'est pas le cas et, si Kasdaoui s'en sort plutôt bien, nous aimerions tout de même que Chehoudi soit plus présent devant et qu'il nous montre ce qu'il sait si bien faire lui aussi: marquer, ceci sachant qu'avec Korbi, Traoui et Adel Chedly, le compte est bon à la couverture et à la récupération. Un peu moins c'est vrai au niveau de la construction qu'il faudrait soigner aujourd'hui, en lorgnant avec davantage d'attention au banc où on retrouve Ben Yahia et Chedy Hammami. Mais franchement, indépendamment de ses analyses et de ses points de vue tactico-techniques, nous avons confiance en cette équipe et la foi en la victoire finale. Elle est dans l'air de la… révolution.