Les événements en Libye ont accéléré les migrations des Libyens qui franchisent en nombre le point de passage de Ras Jedir. Certains séjournent momentanément dans le Sud ou à Sfax en attendant de retourner au pays, mais d'autres choisissent la migration clandestine vers l'Italie à partir des côtes tunisiennes, dans le sillage des harragas tunisiens. Les "réfugiés" arrivent et repartent en masse, et il est clair que cette situation risque de se prolonger tant que les événements sanglants se poursuivent en Libye. Le flux ne s'arrêtera pas après le départ de Gueddafi, indique un ressortissant tunisien de retour de Tripoli. En effet, rentré de Tripoli après une visite à sa fille, A.M. a appris que des Libyens de la partie ouest du pays ont l'intention de migrer vers l'Italie via la Tunisie. Il y aura probablement, comme en Tunisie après le 14 janvier, des vagues de migration libyenne qui partiraient des côtes sud et/ou de Sfax, là où se trouvent les passeurs et transporteurs habitués aux traversées vers Lampedusa. Comme quoi, les affaires vont reprendre de plus belle. Les Tunisiens continuent d'arriver 130 Tunisiens sont arrivés à Lampedusa, lundi, à bord d'un bâteau de pêche. Ce qui porte à environ 200 le nombre de migrants tunisiens arrivés sur l'île au cours de ces trois derniers jours. La semaine passée, les arrivées de clandestins ont été ralenties par de mauvaises conditions météorologiques. Il y a quelque chose qui cloche dans cette vague de migration. Dans la nuit de mardi à mercredi, 250 réfugiés supplémentaires, dont des Libyens ont débarqué à Lampedusa, selon le journal la Stampa. Voilà où en sont les choses, à l'avant-poste de l'Italie et de l'Europe, en attendant l'invasion maghrébine annoncée. On songe à ce qui s'est passé au milieu des années 80, quand Gueddafi a lancé deux missiles sur la base Loran (Long range navigation, système de radionavigation à partir d'émetteurs terrestres) de Lampedusa, ratant sa cible de plusieurs kilomètres. Depuis la mi-février, l'île italienne a accueilli plus de 5.500 harragas qui sont arrivés dans le sillage de la révolution tunisienne. Près de 3.000 migrants ont été transférés dans des centres de regroupement en Sicile et en Sardaigne. 2.000 autres sont toujours regroupés dans le centre d'accueil de Lampedusa. Le centre d'accueil des clandestins – qui venait à peine d'être vidé – a une nouvelle fois dépassé son quota de 1.000 personnes la moitié de la semaine précédente.