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La révolution arabe à l'épreuve des enjeux internationaux
La lettre du jeudi
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 03 - 2011

“Nous avons vu ce même désir de liberté en Tunisie, où la volonté du peuple s'est révélée plus puissante que les décrets d'un dictateur. Et ce soir, disons-le clairement : les Etats-Unis d'Amérique sont solidaires des Tunisiens, et soutiennent les aspirations démocratiques de tous les peuples”.
(Barack Obama, discours sur l'état de l'Union, 25 janvier 2011)
Fait d'évidence, les révolutions arabes, produits de la dynamique interne, ont surpris les grands acteurs internationaux. Expression de la souveraineté nationale, elles ont mis à l'ordre du jour une restructuration des establishments, conforme aux vues des opinions publiques. Les Etats-Unis et les puissances européennes s'étaient d'ailleurs accommodé des régimes en place, faisant valoir leurs intérêts économiques et stratégiques sur toute autre considération. De ce point de vue, l'Egypte et la Libye constituaient des cas limites, dans la gestion américaine et dans une bien moindre mesure européenne, des relations avec l'aire arabe. Le président Moubarak a été, depuis son accession au pouvoir, “le pivot” de la politique moyen-orientale des Etats-Unis. L'allié historique a été le relais de la politique d'intervention américaine en Irak et en Afghanistan. Il dirigeait la mouvance modérée face à l'axe Damas/Téhéran et sauvegardait sa politique de normalisation, sans états d'âme, en dépit de l'arrêt du processus d'Oslo et de l'invasion de Gaza. Ménageant la politique israélienne, il assurait “la stabilité” du Moyen-Orient, ou plutôt le statu quo, qui sauvegardait l'état des rapports de forces. Cet “alignement” s'est d'ailleurs accommodé de ce changement dans la continuité engagé par le président Obama. La situation de la Libye est certes différente, puisqu'il s'agit, dans ce cas, d'une politique conjoncturelle, suite à l'identification tardive des deux protagonistes des nouveaux enjeux. Le président libyen a révisé sa politique internationale, à la suite de la démonstration de force contre Sadam Hussein. D'autre part, les Etats-Unis ont préféré tourner la page. Ils ont accepté ce rapprochement avec ce nouvel allié contre le terrorisme intégriste, qui leur permettait d'assurer leurs intérêts pétroliers. La chute du régime libyen ne faisait pas partie, loin s'en faut, de l'agenda diplomatique américain. L'actualité montre que les Etats-Unis ont simplement pris acte des mouvements populaires d'envergure susceptibles de changer la donne internationale. Après une certaine retenue, ils ont annoncé leur appréciation favorable de mouvements démocratiques, qu'ils ne pouvaient idéologiquement condamner.
Les relations de Ben Ali avec les Etats-Unis étaient plutôt ambiguës, vu les conditions de sa prise de pouvoir et que l'histoire ne tardera pas à expliciter. D'ailleurs l'éclaircie ne dura pas. Le non-engagement de Ben Ali sur la scène internationale — simple figurant dans les Sommets arabes et africains, absent dans la plupart des assises onusiennes des chefs d'Etat — ne pouvait lui assurer des alliances. Son option en faveur d'une présidence à vie de fait et son “traitement” des élections créaient un front de suspicion compréhensible. L'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, Gordon Gray, rappelait récemment que “les Etats-Unis n'avaient pas de relations étroites avec Ben Ali et son gouvernement”, malgré la tradition d'amitié historique qu'ils entretenaient avec la Tunisie. Il signala que le président Obama n'a pas envoyé de message de félicitations à l'occasion de la réélection de Ben Ali. “ Cette position, ajouta-t-il, était encore plus claire dans le privé” (interview de l'ambassadeur in La Presse, 20 février 2011). La correspondance des ambassadeurs américains révélée par WikiLeaks faisait état du clientélisme familial du système et de sa caractéristique “kleptocratique” (notes diplomatiques publiées le 28 novembre 2010). Elles confirmaient les informations de la rumeur publique. Mais le gouvernement américain ne réagissait pas, la Tunisie ne faisant pas partie de ses intérêts prioritaires dans l'aire.
Les Etats-Unis ont d'ailleurs mis du temps à réagir aux événements de Tunisie, déclenchés le 17 décembre. Ils convoquèrent l'ambassadeur de Tunisie à Washington, le 7 janvier 2011, pour faire part au gouvernement tunisien de leurs inquiétudes et lui demander de garantir les libertés civiles, notamment la liberté de réunion et d'assurer le libre accès à Internet. Réaction du gouvernement de Ben Ali, il dénonça l'ingérence américaine (convocation de l'ambassadeur américain, le 10 janvier). Mais le Département d'Etat américain revint à la charge. Il publia, le 11 janvier, un communiqué s'inquiétant de “ l'usage excessif de la force” par les forces de l'ordre. Le départ de Ben Ali, sur l'injonction de l'état-major de l'armée nationale, permit d'éviter aux Tunisiens le bain de sang préparé par la milice. Saluant la victoire du mouvement populaire tunisien, le président américain Barack Obama “applaudit le courage et la dignité du peuple tunisien” et déclara que “les Etats-Unis, avec l'ensemble de la communauté internationale, observent, avec soutien, ce combat courageux et déterminé pour les droits universels que nous devons tous défendre” (déclaration du 14 janvier).
La position des Etats-Unis vis-à-vis de la révolution égyptienne fut plus tardive. La prise en compte de leurs intérêts stratégiques et le ménagement des intérêts d'Israël devait les inciter à défendre le statu quo. Mais ils durent constater que le départ de Moubarak était inévitable et réévaluer “les fondamentaux de leur politique égyptienne”. Mutation progressive, le président américain déclara le 27 janvier qu'il a toujours dit au président Moubarak, qu'il était “absolument capital, pour le bien de l'Egypte à long terme, de s'assurer de bien avancer sur les réformes :réformes politiques, réformes économiques”. Haussant le ton, Barack Obama appela le gouvernement égyptien, le 10 février, à tracer un chemin «sans équivoque» vers la démocratie. Les Etats-Unis ont ainsi initié “un jeu hésitant visant à démontrer le soutien des Etats-Unis au mouvement démocratique du Caire, tout en jouant parallèlement la carte d'une transition progressive, gérée par les militaires”. (Laure Mandeville, Le Figaro, 11 février 2011). La mise à l'écart de leur favori, l'ancien général Omar Suleiman, chef des services secrets, qui a été nommé le 29 janvier vice-président, montrait qu'ils devaient prendre acte de la nouvelle donne.
La position américaine vis-à-vis du président Gueddafi ne s'embarrassa pas de cette prudence diplomatique, qui caractérisa les relations avec les anciens establishments de Tunisie et d'Egypte. La montée des périls ne permettait pas d'adopter une attitude ambiguë. Mais les hésitations s'expliquaient par les choix d'options d'intervention que requiert la situation, la prise en compte des intérêts et la nécessaire consultation de la communauté internationale. Notons que le Pentagone a annoncé, le 28 février, que des navires de guerre américains se rapprochaient des côtes libyennes. Est-ce à dire que l'option militaire constitue l'un des scénarios envisagés ?
Fait d'évidence, les enjeux différentiels de l'Europe et des USA vis-à-vis des révolutions de Tunisie, d'Egypte, de Libye et des mouvements contestataires du Moyen-Orient expliquent le décalage entre les prises de position. Nous y reviendrons.


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