• Situation humanitaire critique • Les «harragas» profitent du relâchement sécuritaire Le spectacle est à peu près le même et le poste de Ras Jedir est toujours pris d'assaut par des centaines de réfugiés qui fuient la Libye, jour et nuit. Des Africains, des Indiens, des Bengalis, des Chinois et surtout des Egyptiens continuent à affluer à ce point de passage. Le camp mis en place par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l'armée nationale dans la localité d'Echoucha est déjà plein. Des engins lourds sont en train d'aménager un autre espace, 3 km plus loin, dans la localité d'Ezzekra, pour y dresser d'autres tentes et installer des points d'eau et des toilettes publiques démontables. Mais, il faut dire que le nombre de réfugiés qui attendent d'être transférés a diminué par rapport aux jours précédents. Cela n'empêche que des milliers d'autres ressortissants sont encore parqués de l'autre côté de la frontière. A signaler que le pont aérien mis en place à Djerba, les 2 navires militaires qui ont collaboré à l'évacuation de ces migrants, par voie maritime, du port commercial de Zarzis et enfin le bateau «El Habib» qui a appareillé de Sfax, ont beaucoup aidé à atténuer la pression depuis mercredi. A présent, des dizaines de bus transitent par Zarzis à longueur de journée pour déposer les réfugiés à Djerba où 36 vols assurent le transfert vers l'Egypte. L'attente ne dure plus comme avant. Par ailleurs, des Africains et des Bengalis qui se comptent par dizaines sont encore à Zarzis. Nombre d'entre eux ont opté pour la «harga» qui est revenue en force, ces derniers jours, probablement parce que les militaires sont occupés ailleurs. En effet, 9 embarcations ont quitté Zarzis, en deux jours, ayant à bord des Egyptiens, des Africains, des Zarzissiens et des Tataouiniens, surtout. Quant aux aides locales, elles continuent d'affluer de partout. Des stocks de produits alimentaires sont encore disponibles dans la maison des jeunes de Zarzis après le ravitaillement des 2 navires qui ont quitté les lieux. Du côté de Ras Jedir, à vrai dire, c'est l'organisation qui fait parfois défaut et c'est la pagaille, de temps à autre. «Personnellement, je prépare 3.000 repas par jour et je les envoie à Ras Jedir où la distribution n'est pas facile», nous dit M. Riadh, chef cuisinier d'un grand hôtel à Zarzis. Il semble également que les maladies transmissibles qui se répandent compliquent la mission des bénévoles. La communauté internationale accélère le rythme De son côté, la communauté internationale a commencé à bouger et son concours va crescendo de jour en jour. Des hauts responsables de l'Union européenne se sont rendus sur les lieux. Des aides humanitaires sont parvenues du Maroc et du Moyen-Orient. Pour sa part, la France a dépêché un avion qui a atterri hier matin à l'aéroport international Djerba-Zarzis, avec à bord un important dispositif comprenant, entre autres, une équipe du ministère de la Santé, le Croissant-Rouge et des représentants du ministère des Affaires étrangères. M. Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie, s'est aussi déplacé sur place pour une éventuelle coordination et pour superviser l'évacuation des ressortissants égyptiens dans l'avion français.