Les pharmaciens de nuit se trouvent actuellement dans une impasse. Sérieusement touchées lors de la révolution (le couvre-feu, la situation sécuritaire précaire, outre les attaques et les agressions), ils ont vu leur activité mise à plat. D'où les difficultés à payer les fournisseurs et les employés, partant du fait que chaque officine emploie quatre personnes au moins. Face à cette situation exceptionnelle, le syndicat des pharmaciens d'officine de nuit de Tunis (Spont) a saisi, depuis la dégradation de la situation, le conseil national de l'Ordre des pharmaciens, les conseils régionaux et la direction de la pharmacie et du médicament pour prendre des dispositions urgentes afin de venir en aide aux pharmaciens de nuit. D'autres réunions ont été organisées à l'échelle nationale et régionale «mais se sont soldées par un échec. Aucun compromis concernant un assouplissement des horaires en faveur des officines de nuit n'a été enregistré. On note un manque de solidarité de la part de nos confrères du jour. Le conseil national de l'Ordre des pharmaciens et les conseils régionaux ont exigé la stricte application de l'horaire réglementaire, c'est-à-dire une ouverture à 19h30, sans prendre en considération les circonstances exceptionnelles que traverse le pays. Cette mesure a entraîné une anarchie, et des procès-verbaux ont été dressés à l'encontre des pharmaciens de nuit», indique M. Mohamed Souia, secrétaire général du syndicat. Il est à savoir que d'autres réunions groupant le conseil de l'Ordre des pharmaciens, la direction de l'inspection pharmaceutique et la direction générale du médicament ont abouti à un consensus qui permet aux officines de nuit de travailler en chevauchement avec ceux du jour, et une ouverture à 17h00 a été tolérée, mesure exceptionnelle permettant à ces derniers de surmonter cette période critique : «Cette mesure n'a pas été respectée longtemps et un communiqué émis par le conseil national de l'Ordre des pharmaciens rappelle que l'arrêté ministériel fixant les horaires d'ouverture doit être respecté. Le conseil de l'Ordre doit organiser la profession, jouer son rôle et permettre aux pharmaciens de nuit de sortir de l'impasse en maintenant une ouverture à 17h00, afin que ces derniers puissent faire tourner leur officine pendant quelques heures ou travailler en parallèle avec les officines du jour». Le Syndicat des pharmaciens d'officines de nuit de Tunis espère trouver une écoute auprès du conseil de l'Ordre «qui n'a pas assumé ses responsabilités en optant pour une plage horaire juste et équitable en faveur des officines de nuit, lésés par la situation prévalant dans le pays. Nous appelons nos confrères à se montrer plus solidaires pour que le secteur surmonte cet obstacle sans nuire à aucune catégorie», conclut M. Gouia qui nous apprend que le syndicat a organisé une action de solidarité en faveur de la région de Ras Jedir et des réfugiées libyens en leur acheminant une quantité importante de médicaments pour remédier à la situation humanitaire précaire qui sévit dans ces régions.