Nous avons reçu du syndicat des Pharmaciens d'officine de Tunisie le communiqué suivant : « Les événements exceptionnels et ô combien salvateurs que vient de traverser notre cher pays ont été malheureusement accompagnés de graves dérapages dont celui de l'insécurité était le plus flagrant. Le secteur de la pharmacie, offrant ses services au plus près du citoyen n'a pas été épargné par des bandes sauvages qui se sont adonnés impunément au pillage et au saccage des biens publics et privés. De même que beaucoup de pharmacies quelles soient de jour où de nuit, souffrant déjà de précarité depuis leur installation, se sont effondrées devant la baisse générale de l'activité. Pendant la période critique du couvre-feu et hormis quelques cas isolés, les pharmaciens des deux catégories, de jour et de nuit ont géré les problèmes d'horaires de travail d'une manière consensuelle. Alors que nous nous attendions au retour à la normalité et au respect des horaires légaux avec la levée du couvre-feu, nous avons été surpris et désolés par l'attitude du syndicat des Pharmaciens d'Officines de Nuit (SPONT) qui appelle par voie de presse les pharmaciens de nuit à ouvrir leur officine à partir de 17H au lieu de 19H30. Heureusement qu'il n'a pas été entendu par la majorité d'entre eux. Il apparaît clairement que ce syndicat veut profiter de la crise pour déréguler le statut des pharmacies de nuit en misant sur l'emballement médiatique, contestataire et la désignation de boucs émissaires. Devant la grandeur de la Révolution tunisienne en termes de dignité et d'éthique, devant l'honorable élan de solidarité qui a mobilisé notre profession envers nos confrères sinistrés et envers les réfugiés venant de Libye, il est petit d'appeler au désordre et à la gabegie. La couverture territoriale et horaire fait de ce secteur le réseau de santé le plus reparti et le plus proche du citoyen. Mais ce réseau avec plus de 2000 officines dont 260 pharmacies de nuit a montré ses limites démographiques et beaucoup de pharmaciens jeunes et moins jeunes, de jour et de nuit vivent des situations économiques difficiles liées au surnombre, à l'emplacement géographique et l'environnement socioéconomique de leur installation. La distribution des médicaments humains et vétérinaires en dehors des pharmacies, le recul des marges et les diverses pressions économiques ajoutent à cette dégradation de l'équilibre économique du secteur officinal. Notre syndicat n'a jamais cessé d'attirer l'attention des pouvoirs sur la nécessité de mettre en place une politique d'avenir qui préserve les prérogatives et les conditions matérielles du secteur officinal afin de permettre à cette profession de continuer, dans la dignité à servir la santé. C'est dans cette perspective qu'on peut résoudre, d'une manière durable, les problèmes rencontrés par nos confrères de jour et de nuit dont la situation précaire n'a pas résisté aux secousses des derniers événements traversés par notre pays. Nous sommes sûrs que la lucidité et la probité des pharmaciens les mettent à l'abri de la fausse route des problèmes d'horaires dans laquelle veut s'engouffrer le SPONT qui, on peut s'étonner, ne réclame aucune autre mesure de soutien financier comme sont en train de le faire les autres secteurs sinistrés. Quelle méprise que de croire que les pharmaciens sont prêts à tomber dans le piège d'une polémique stérile ou autre piège de règlement de compte visant à les faire dévier du débat sur les vrais problématiques à poser sur l'avenir de la profession. Pour le Bureau Exécutif du SPONT