• «La conversion des pharmacies de nuit n'est pas du ressort de l'Ordre des pharmaciens», précise son président, M. Abdelkrim Hamrouni Le conseil national de l'Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOP) est une structure apolitique, dont les membres sont élus chaque trois ans. Ce dernier a toujours mené tambour battant des actions de sensibilisation contre le tabagisme, le VIH sida, au profit du don d'organes. Lors de la révolution populaire qui a secoué le pays, durant les moments les plus difficiles caractérisés par une insécurité totale, les pharmaciens n'ont pas dérogé aux préceptes du code déontologique et éthique en tenant à assurer aux citoyens un approvisionnement régulier en médicaments, notamment pour les malades chroniques, et ce, même dans les régions autres que les grandes agglomérations. Les pharmaciens hospitaliers, les pharmaciens biologistes et tous ceux opérant dans le domaine de l'industrie pharmaceutique ont joué un rôle prépondérant pour l'accès aux soins et aux médicaments faisant de la disponibilité des médicaments leur cheval du bataille, outre les grossistes répartiteurs qui ont de leur côté assuré l'achalandage des produits pharmaceutiques aux officines malgré la situation sécuritaire précaire qui a prévalu. Ce corps de métier à vocation certes commerciale, mais également humanitaire prépare, nous apprend M. Abdelkrim Hamrouni, président du Cnop, une action de solidarité et une aide sociale en collaboration avec le ministère de la Santé en faveur des régions sinistrées. «Cette action a pour but de fournir aux régions intérieures du pays les médicaments relatifs aux maladies chroniques, c'est-à-dire hors de la nomenclature hospitalière. Cette campagne viendra également en aide aux pharmaciens sinitrés qui ont vu leur officine disparaître lors des émeutes. Un fond de solidarité est prévu à cet effet», souligne M. Hamrouni qui appelle à la solidarité des pharmaciens en cette période difficile. Il rappelle que les pharmacies de jour classées dans la catégorie A et ceux de nuit relevant de la catégorie B sont régies par des textes de loi datant de 1976. Respect du code déontologique «Il est indéniable que les pharmacies de nuit ont subi des pertes financières dûes au couvre-feu mais, elles ne peuvent en aucun cas se convertir en pharmacies de jour. L'Ordre n'a pas les prérogatives pour permettre cette conversion d'autant plus les catégories A et B sont le fruit d'un choix émanant du pharmacien lui- même, inscrit sur la liste d'attente. Le conseil de l'Ordre veille à respecter le code de déontologie et les horaires de travail afin que la disponibilité des médicaments soit assurée», explique le président du Cnop. Il est à savoir que le nombre de pharmacies de jour s'élève à 1.617, alors que celui de nuit est de 285 réparties sur tout le territoire tunisien. Un rappel à l'ordre adressé à certains pharmaciens de nuit qui veulent se convertir en pharmaciens de jour, le respect des textes de la loi régissant le secteur, l'emploi de jeunes pharmaciens et l'aide aux pharmaciens sinistrés ont constitué les points forts soulevés par M.Hamrouni, qui a dénoncé l'absence de recrutement de pharmaciens dans les groupements de santé, en l'occurrence les hôpitaux, a appelé à revoir la manière d'inscription sur la liste d'attente et à améliorer le statut d'assistant. Recruter Par ailleurs, le numérus clausus ou encore les mesures d'installation doivent être respectées, le secteur privé, contrairement au secteur public, a embauché un pharmacien clinicien pour 60 lits «Le secteur public doit prendre le pas sur le secteur privé. Il est impératif de recruter des pharmaciens cliniciens dans les hôpitaux», indique M.Hamrouni. Le secteur pharmaceutique fait vivre 12 mille familles, secteur-clé dans la promotion de la santé du citoyen. Le président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens rend hommage à tous les pharmaciens hospitaliers et les pharmaciens d'officine qui ont veillé à assurer une disponibilité des médicaments. Le Cnop, qui est une structure impartiale à l'écoute de tous les professionnels, compatit avec les pharmaciens de nuit, notamment ceux qui opèrent dans les régions reculées du pays aux conditions de sécurité incertaines, mais les exhortent à respecter les textes de loi qui définissent les horaires de travail et surtout de faire preuve de civisme et de sens du devoir, en évitant le recours à l'anarchie et aux revendications illégitimes, «Le respect du numerus clausus s'impose à tous les professionnels. Par ailleurs, les internes en pharmacie doivent être rémunérés à l'instar des médecins internes. Le médicament doit être le monopole du pharmacien, et une application de la loi s'avère impérative concernant les médicaments chers prescrits pour certaines maladies graves, telles que le cancer, qui sont délivrés par la Pharmacie centrale au citoyen. L'Ordre des pharmaciens est prêt à céder une marge bénéficiaire non négligeable de médicaments à condition que ceux-ci soient attribués aux officines», conclut M. Hamrouni.