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Les universités tunisiennes, le patrimoine archéologique et le développement régional
OPINIONS - Lettre ouverte au Gouvernement
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 03 - 2011

La Tunisie a entrepris, depuis les années soixante, une action louable en vue de sauvegarder son patrimoine archéologique, de l'étudier et d'en faire un outil de développement. Aujourd'hui, elle peut s'enorgueillir, à juste titre, de remarquables réalisations. Mais cette action n'a pas su, au fil des décennies, mobiliser toutes les ressources nationales pour atteindre les objectifs qui pouvaient être légitimement escomptés tant au niveau de l'étude du patrimoine concerné qu'au plan de sa sauvegarde et de son ancrage dans l'œuvre de développement. Ces limites sont d'autant moins acceptables que les ressources financières provenant de l'exploitation du patrimoine sont loin d'être négligeables et que les ressources humaines sont de plus en plus étoffées et spécialisées. Ce constat est d'autant plus regrettable que notre patrimoine archéologique offre un champ d'étude extrêmement vaste et constitue un gisement d'emplois encore insuffisamment exploité. Pour remédier à cette situation qui a duré trop longtemps, de nombreuses mesures peuvent être envisagées en vue de résoudre des problèmes urgents et de préparer un avenir meilleur. Telles qu'elles sont présentées, ci-après, ces mesures ont pour trait commun d'être en rapport avec les universités où se trouvent les enseignants-chercheurs et les formations diplômantes.
Voici ce que nous proposons :
1) Créer un Conseil national de la recherche archéologique dans lequel seront représentées toutes les parties concernées par l'étude, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine archéologique ainsi que par son intégration dans les stratégies de développement régional (ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de la Culture, du Tourisme, de l'Emploi…). Ce conseil aura pour missions essentielles : l'harmonisation de l'action des divers intervenants, la planification et la programmation des opérations d'inventaire, de fouilles et de mise en valeur ainsi que l'examen de toute question en rapport avec son champ de compétence et qui toucherait l'intérêt général en matière de patrimoine archéologique.
2) Développer la coopération entre les établissements et les instances relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et ceux qui relèvent du ministère de la Culture. Cette action passera d'abord par la concrétisation de toutes les dispositions qui figurent dans les conventions bilatérales existantes ou qui restent à établir (l'intégration concertée des étudiants tunisiens dans les activités de formation, de prospection et de fouilles entreprises par les instances du ministère de la Culture, l'autorisation d'accès aux sites archéologiques et aux réserves des musées aux enseignants-chercheurs et aux doctorants des universités tunisiennes qui devraient effectuer, sans entrave, les recherches agréées d'une manière concertée, l'octroi aux universités de sites-écoles qui serviront à la formation des futurs cadres et techniciens qui gèreront le patrimoine archéologique…)..
3) Engager, dans les meilleurs délais, de grandes actions d'inventaire et de fouilles archéologiques encadrées par les chercheurs relevant des ministères de la Culture et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ces chercheurs seront secondés, sur le terrain, par des diplômés formés dans les métiers du patrimoine et qui recevront, au besoin, une formation technique complémentaire. Les chantiers de fouilles et les opérations de prospection sont à engager en priorité dans les régions qui, tout en comprenant de grands potentiels archéologiques, souffrent particulièrement du chômage. A titre d'exemples, nous signalons l'opportunité, tant du point de vue scientifique que du point de vue socio-économique, des fouilles archéologiques qui peuvent être entreprises dans de grands sites qui relèvent aujourd'hui des gouvernorats de Kasserine, Kairouan, Gafsa, Sidi Bouzid, Siliana, Le Kef, Jendouba, Médenine, Tataouine, Gabès, Kebili, Tozeur…
4) Accroître d'une manière significative le nombre de postes à pourvoir dans les établissements en charge du patrimoine archéologique au sein du ministère de la Culture. La politique de recrutement doit être, quantitativement, à la hauteur des besoins réels du domaine et, qualitativement, en conformité avec les priorités qui doivent être définies d'une manière précise. A cet égard, des domaines tels que la recherche en préhistoire, en archéologie et épigraphie libyques et puniques, en archéologie islamique ainsi que la spécialisation en matière de restauration sont à considérer sous l'angle de l'urgence absolue. Les performances des universités tunisiennes en matière de formations diplômantes liées au patrimoine archéologique, qui sont le fruit de l'effort national depuis plusieurs décennies, peuvent être considérées, malgré les tares de la politique étatique, d'un niveau globalement honorable. Toute insuffisance en ce domaine est à traiter sereinement et sans délai en vue de rectifier et de compléter tout ce qui doit l'être.
5) Décentraliser la gestion du patrimoine archéologique en créant des structures régionales dotées des moyens humains et matériels adéquats pour la sauvegarde et la promotion de cette grande richesse nationale. Ces structures, qui pourraient être envisagées sous forme de circonscriptions archéologiques ou d'agences régionales du patrimoine archéologique, travailleront en collaboration avec les administrations régionales et locales, sous l'autorité d'un personnel scientifique installé dans les régions concernées. Elles auront des prérogatives bien définies —y compris en matière de recrutement pour pourvoir certains postes— qui relayeront celles des instances centrales.
6) Mettre au point une politique claire en matière de tourisme culturel, dans son volet archéologique. Cette politique, qui aura pour but l'exploitation d'une niche de tourisme pourvoyeuse de nombreux postes d'emploi et de grandes ressources en devises devra s'appuyer sur une programmation précise des priorités, des moyens et des échéances. Elle englobera aussi les dispositions nécessaires à la promotion de ce type de tourisme et à la mobilisation des médiateurs de haut niveau.
7) Mettre réellement en œuvre les circuits touristiques thématiques annoncés depuis longtemps sans voir le jour ou qui restent à concevoir et à proposer aux professionnels du voyage culturel de par le monde : thèmes de l'eau, de l'olivier, des oasis, des ksour, du limes, des voies et parcours historiques, des îles et de la mer…).
Les agences de voyages tunisiennes, spécialisées dans le tourisme culturel, qui sont maintenant peu audibles, sont à consolider dans un premier temps par un effort étatique à l'instar de ce qui a été fait, il y a un demi- siècle, pour le décollage de l'activité touristique en Tunisie. Les entrepreneurs étatiques ou privés ne peuvent réussir une telle entreprise qu'en mobilisant des cadres ayant reçu la formation universitaire idoine. Nous ne nous tromperons certainement pas en affirmant que la Tunisie ne compte pas actuellement de nombreux guides hautement qualifiés qui maîtrisent les langues asiatiques (le chinois, le japonais, le coréen…) parlés par des touristes connus aussi bien pour leur important pouvoir d'achat que pour leur haute exigence en matière de qualité de service.
8) Encourager la mise en place de sociétés spécialisées dans les fouilles archéologiques. Non soumises à des conditions financières rédhibitoires, ces entreprises pourront recruter des diplômés de l'enseignement supérieur formés dans les métiers du patrimoine et dans des métiers annexes (architectes, topographes…) ainsi que des personnels de qualification moindre qui pourront intervenir aussi bien dans les opérations d'inventaire que dans les fouilles programmées et de sauvetage.
L'affermissement de telles sociétés à travers l'expertise qu'elles auront acquise en Tunisie pourrait leur ouvrir la voie de l'emploi à l'étranger où la demande se fait de jour en jour plus pressante, compte tenu de la place qu'occupe la recherche archéologique dans la politique des Etats de par le monde.
9) Dynamiser les musées et les mettre à niveau, en étoffant le corps des conservateurs qui devraient recevoir la formation qu'il leur faut, en revoyant le mode d'exposition et de signalétique de nombreux établissements, en élargissant les horaires de visite, en programmant des séances nocturnes, en organisant régulièrement des expositions temporaires appuyées par des catalogues, des démonstrations, des conférences et des visites guidées par un personnel qualifié. Un tel développement ne manquera pas d'avoir des incidences positives sur l'emploi des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur formés dans de nombreuses disciplines et des personnels administratif et ouvrier.
10) Créer de véritables syndicats d'initiative du tourisme aussi nombreux que nécessaires et les doter d'un personnel compétent et disposant d'outils de travail adéquats (plaquettes, cartes, dépliants, répertoires de différentes catégories, banques de données informatisées, moyens de communication…). De nombreux jeunes diplômés des établissements d'enseignement supérieur trouveront, assurément, dans ces structures, des emplois en rapport avec leur formation (histoire, métiers du patrimoine, langues vivantes, tourisme…).
Les dix suggestions formulées ci-dessus à propos du patrimoine archéologique sont à placer dans le cadre de l'effort global qui doit être entrepris pour les autres catégories de patrimoine culturel : arts et traditions populaires, arts plastiques, musique. Dans ces domaines aussi, les universités tunisiennes peuvent, par leurs expertises et par leurs formations, devenir un vrai levier du développement régional.
Ahmed M'charek (Université de Tunis), Abdellatif Mrabet (Université de Sousse), Houcine Jaidi (Université de Tunis), Samira Sehili (Université de La Manouba), Mohammed Grira (Université de Tunis) Lotfi Naddari (Université de Sousse), Lamia Ben Abid (Université de Tunis), Hosni Abid (Université de Sfax), Riadh Hamrouni (Université de Kairouan).


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