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Déclaration des anciens détenus politiques de Perspectives-Amel Tounsi
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 03 - 2011


Par un collectif d'anciens détenus(*)
Nous, anciens militants et militantes, jugé(e)s et incarcéré(e)s dans les diverses prisons de Tunisie (Borj Roumi, prison des femmes de Manouba, prison civile de Tunis, etc.), ayant appartenu à Perspectives-Amel Tounsi, déclarons :
Nous avons adhéré, avec enthousiasme, en cette période révolutionnaire par laquelle passe la Tunisie, au mouvement populaire dont l'objectif ultime est le changement radical du régime politique et du système du pouvoir établis dans notre pays. Déclenché par l'étincelle que fut l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, ce moment fondateur a été porteur de salut, il a annoncé l'heure de délivrance d'un peuple dont la force de travail a été spoliée, le droit à la parole bâillonné et la volonté brisée.
Les Tunisiens eurent à supporter, durant plus d'un demi-siècle, plus qu'ils ne purent endurer. Portés vers leurs derniers retranchements, ils purent, toutefois, convertir leur résistance inavouée mais aussi ouverte, contre la tyrannie, en un élan ferme et allègre pour la liberté, et en un engagement radical et révolutionnaire en vue de changer le régime politique dominant. D'emblée, le temps s'agglutine, le passé rejoint le présent. Les jeunes en rébellion, contre l'injustice, réactivent positivement, en ce vingt-et-unième siècle, notre vision égalitaire des rapports sociaux et notre lutte pour l'existence politique. De surcroît, ils font la révolution qui était notre but intangible; ils réussissent là où nous avons échoué. Et du coup, la ferveur révolutionnaire s'éveille, elle se réincarne en nous, médiatisée par ces jeunes, artisans d'un processus de changement radical des valeurs et de l'ordre politique totalitaire qui a prévalu près d'un demi-siècle. A leur âge, lorsque nous avions vingt et trente ans, nous scandions les mêmes mots d'ordre et nous voulions, comme eux, une mutation de la société qui contredit le passé. La liberté d'expression, de réunion, d'association et d'organisation, ainsi que le droit à la distribution équitable des richesses nationales, outre le changement du régime totalitaire en un régime populaire et démocratique, étaient nos objectifs.
Pour cela, le tribut que nous avions eu à payer a été lourd, il en a été de même des autres prisonniers politiques qui ont été arrêtés sous le régime du parti unique, du temps de Bourguiba et de Ben Ali. La prison, l'exil et la radiation du travail ont été notre destinée. La torture, dans ses manifestations les plus abjectes et les plus féroces, constitua la technique d'élection de ces bêtes maléfiques (les tortionnaires) qui se déchaînaient sur nous, sans scrupules, dans les locaux de la Direction de la sûreté de l'Etat dont les bureaux étaient transformés en espaces de mutilation des corps dont se dégageaient des cris de douleur à vous tordre les entrailles. Des sévices corporels dont les stigmates sont incrustés dans notre chair nous accompagnèrent dès lors, et un ébranlement affectif mû par la crainte et la précarité sociale habita notre for intérieur. Nous nous formèrent, toutefois, une carapace de courage et de dignité pour tirer le meilleur de nous-mêmes, pour assurer le procès de notre réinsertion sociale, difficile et pleine d'embûches. Nous fûmes, depuis, constamment confrontés, même après notre sortie de prison et dans la vie courante, à des incriminations au rejet par les institutions, à des menaces, à de la malveillance, à des tracasseries personnelles et à des exactions professionnelles. L'apparentement à la gauche a pris les formes d'une tare durant toute la période où a dominé le régime de parti unique. Tout cela s'est accompagné de la spoliation de nos droits civiques, de nos ressources de vie suite aux verdicts prononcés à notre encontre par les tribunaux tunisiens et essentiellement par la Cour de sûreté de l'Etat durant les procès de 1966, 1968, 1974, 1975.
Les aspirations et les rêves qui nous emportaient, jeunes lors des années 1970, sont à présent une pleine réalité que vit avec intensité et espoir tout notre peuple spolié et opprimé. Nous passons, en ce moment, par une étape cruciale de notre histoire qui s'ouvre sur l'avenir, celui où l'on verrait les valeurs de la démocratie enfin l'emporter. Le peuple au jour le jour dans sa vie quotidienne, les politiques et les militants, pour la liberté, sont aujourd'hui excédés par le musellement de l'expression et l'ordre monolithique consacrés par un régime totalitaire et répressif.
Le cheminement révolutionnaire vers lequel tend le mouvement de rébellion populaire rencontre en ce moment des écueils, il est confronté à une volonté réactive qui aspire à la rétrogradation. On ne peut guère s'étonner de voir une telle coercition se manifester, surtout que le régime politique qui a régi le pays, au lendemain de l'Indépendance, a fondé une République sur une Constitution qui a favorisé les excès du pouvoir personnel et absolu du chef d'Etat. Le caractère totalitaire de ce régime s'est épanché, aussi, sur les orientations juridiques et les lois afférentes au fonctionnement du pouvoir législatif, mais aussi notamment sur l'organisation du système exécutif et sur le fonctionnement de l'appareil de l'Etat et surtout de la police politique qui s'est ingéniée à déployer les techniques les plus sophistiquées et les plus cruelles de répression, de torture, d'exaction, et d'espionnage, infligées, sans exception, à toutes les générations de détenus politiques et des citoyens indépendants et qui refusent l'allégeance et la compromission avec le régime révolu.
Par conséquent :
• Nous insistons sur la nécessité d'accorder un intérêt sérieux à l'examen du dossier du pouvoir exécutif et sur celle de l'élaboration de réformes des textes juridiques le concernant, ainsi que sur l'urgence d'une nouvelle conception du cycle de formation des agents de sécurité afin de remplacer les normes d'agression autoritaires qui régissent la gestion de l'administration et les pratiques de son appareil par des principes de citoyenneté et de tolérance.
• Nous espérons, aujourd'hui, voir cette page sombre de l'histoire de notre pays, tournée à jamais, un passé souillé par l'horreur de la répression et les pratiques infâmes du chantage et de la terreur. Ce mode d'agir a enlisé notre pays depuis des décennies, dans le gouffre de la spoliation et de l'enrichissement insatiable des uns et dont le répondant est la marginalisation et l'oppression des autres. Il a par là même pourchassé tout esprit citoyen libre et persécuté tous ceux qui appellent à la différence et qui se démarquent des vues politiques du parti unique au pouvoir.
• Enfin, et dans le cadre des réformes politiques et de leurs expressions juridiques, nous attirons l'attention sur la nécessité de procéder à une large élaboration de l'amnistie générale, de façon à y inclure tous ceux qui ont été jugés et à qui on n'a pas rendu justice, ni dans le présent ni dans le passé, sans oublier le volet de la réhabilitation morale et professionnelle pour toute personne qui a été jugée pour ses idées et ses opinions politiques, y compris le recouvrement de ses droits moraux et de tous les droits juridiques afférents à cette amnistie.
(* 30 signataires)


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