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Destination Tunisie : un déficit d'innovation et de créativité
Tourisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 03 - 2011

Même s'il est certain que la Tunisie demeure un fondamental de la programmation méditerranéenne, le mal de crâne généralisé avec lequel les acteurs du tourisme sont rentrés à l'issue de leur participation à la 45e édition du Salon mondial du tourisme à Berlin (ITB) en dit long sur la nécessité d'une restructuration en profondeur de cette industrie dans notre pays et de l'urgence de lui réunir les conditions d'une réelle reprise.
C'est que le moral en berne de nos professionnels ne provient pas de l'apparition de nouvelles destinations fortement concurrentes, mais plutôt du «laxisme» et de la «nonchalance» d'une administration qui peine à trouver les solutions idoines pour l'élimination des problèmes structurels qui limitent encore la croissance et la rentabilité du secteur dans notre pays et de l'absence de mesures d'urgence dans une conjoncture exceptionnelle, qui leur offriraient l'opportunité de rebomber un peu le torse dans la morosité ambiante.
Oui, des mesures comme on sait en prendre quand il s'agit d'aider les agriculteurs ou les industriels. Des cris de détresse ont été lancés à gorge déployé par les professionnels à reprendre confiance en soi pour partir à la reconquête.
Titiller l'imaginaire des clients
«L'on s'attendait à ce que notre présence au Salon ITB après la Révolution allait prendre une nouvelle orientation. Malheureusement, la participation tunisienne n'était pas à la hauteur de l'évènement. Rien de quoi exciter la curiosité, aucune touche spéciale pour modifier l'image du pays et pour sortir du cercle ensorcelé du jasmin et du thé à la menthe. A part un slogan fade, «I love Tunisia», a martelé Hassen Ben Amor, directeur commercial à Laïco Hammamet. Et d'ajouter qu'«il est temps que le cerveau créatif du ministère du Tourisme soit formaté pour titiller de nouveau l'imaginaire des responsables marketing afin d'accoucher d'une stratégie dynamique et bien pensée».
En effet, la notoriété d'une destination dépend indéniablement de sa forte présence et participation aux évènements majeurs un peu partout dans le globe. Car «de tels événements contribuent à diversifier l'offre touristique, à contrer la saisonnalité et à devenir une source de différenciation face aux autres destinations. Ils servent également à dépeindre la culture d'un pays et à établir un contact avec la population locale, éléments structurants de l'expérience touristique», explique Hichem Borgi, directeur commercial à Thalassa Hotels.
C'est pourquoi les destinations s'empressent d'utiliser les manifestations comme composantes de leurs stratégies de positionnement et de mise en marché. Les nations plus petites ou absentes des circuits touristiques classiques rivalisent d'idées pour attirer un nombre maximum de visiteurs dans leurs pavillons. Ils espèrent s'offrir une promotion qu'aucune agence de voyages ne pourra jamais leur proposer. C'est une plateforme unique pour construire l'image de marque d'un pays. C'est d'ailleurs dans cette optique que la participation à ces manifestations justifie la contribution de fonds publics à en supporter les frais.
Mais le comble, c'est qu'à chaque foire de ce genre, les autorités touristiques se trouvent engluées dans le cercle vicieux de la recherche de financement et se retrouvent constamment sur la corde raide. Certes, on arrive tant bien que mal à proposer un pavillon, qui même s'il suscite l'envie, ne peut pas servir de modèle aux autres destinations. C'est qu'originalité, capacité d'innover et côté festif ne distinguent plus l'espace tunisien.
Pourtant, notre pays a été chef de file en la matière pour les pays africains et arabes et possède une longueur d'avance par rapport aux autres destinations grâce à sa tradition de participation qui remonte au XIXe siècle.
«Au grand dam des professionnels, sur ce point, la Tunisie n'est pas encore entré dans une phase de maturité et de consolidation», assène Mohamed Ali Miled, directeur général de Houda Hotels Tunisia.
D'ailleurs, des voies se sont élevées pour recommander d'évaluer les retombées économiques liées à la participation à cette foire et à en déterminer l'importance.
C'est que les experts ont depuis quelques années introduit la notion d'indice de pertinence pour évaluer une participation. Exprimé en pourcentage, cet indice est évalué en fonction de la motivation du visiteur au pavillon. Un facteur de pondération s'applique si l'attraction ne constitue pas le seul but de la visite, si elle a exigé une modification des plans de voyage, etc. Les retombées économiques qui découlent de l'événement sont ainsi calculées en fonction du pourcentage de l'indice obtenu.
Réveil des vieux démons ?
Cependant, la grande inquiétude des professionnels se situe au niveau des carnets de commande qui sont loin d'être bien garni pour l'année 2011.
De plus, dans la foulée de la course aux soldes massives, les tour-opérateurs et les compagnies aériennes cherchent à déstocker leurs produits à très courte échéance, tenant ainsi la dragée haute aux opérateurs tunisiens acculés à avaler une amère pilule. Cette évidence s'abat depuis quelques jours sur les frêles épaules des professionnels ayant participé à l'ITB.
C'est dire qu'il ne sert à rien de placer sur le banc des accusés hôteliers et agences de voyages qui se saignent déjà aux quatre veines pour maintenir en activité leur personnel et faire tourner leurs établissements. «On a répondu à l'appel des autorités quand ils nous ont demandé de maintenir l'activité et sauvegarder les emplois.
Toutefois, on a l'impression qu'ils nous ont laissé en rade», a lancé sur un ton amer Faouzi Rommène, directeur général de Paneurope Travel Service basé à Hammamet.
Sur un autre plan, le réveil des démons du bradage des prix tracasse énormément les professionnels du secteur. «Les tour-opérateurs jouent à fond la carte de l'effet de volume et de la diminution des marges pour tondre davantage la laine sur le dos des hôteliers angoissés par le manque de visibilité et les incertitudes qui sont légion», gronde Nejib Boudhina, directeur général d'Emira Travel Service.
Vu sous cet angle, «l'appel à l'aide des pouvoirs publics s'avère indispensable», martèle Tarek Lakhal, directeur commercial et marketing à l'agence Voyages 2000. Le comble, c'est qu'en l'absence des représentants de leurs structures professionnelles, les professionnels ne parviennent pas à rendre plus dissuasifs encore leurs remparts.
N'empêche, ils sont parvenus grâce à notre collègue Afif Kchouk qui a fait prévaloir sa double casquette (hôtelier et journalitse), à voir le ministre du Commerce et du Tourisme pour lui exposer leur point de vue sur la situation. Une entrevue qui a fini en queue de poisson, selon leurs dires, puisque leur vision des choses ne concorde pas. En effet, pour le ministre, cette année il faut se lancer dans une logique «invest to invest». Une sorte d'année sabbatique qui permettrait au tourisme tunisien de revoir sa façon de faire tandis que pour les professionnels, pour sortir du tunnel, il faut, à une année exceptionnelle, des mesures d'exception.
En effet, de l'avis des professionnels, pour éviter de placer notre destination sous les feux de l'actualité navrante d'une destination bon marché, d'autres acteurs devraient venir au secours d'une profession en butte à des difficultés et des actions concomitantes à ces mesures devraient être envisagées.
Et pour que les espoirs de rebonds refont surface, «les banquiers, par exemple, devraient envisager d'accorder aux hôteliers une année de grâce durant laquelle ils seront appelés à régler uniquement les intérêts des prêts, et de différer le règlement du principal à l'année prochaine. De même, du côté de la CNSS, un effort au niveau d'un éventuel rééchelonnement ou allègement des charges patronales pourrait aider les professionnels à tirer leur épingle du jeu pendant cette année ô combien difficile», propose Anis Sehili, directeur commercial à Mouradi Hôtels.
C'est que sans vouloir survoler le secteur d'un œil morne, l'année 2011 ne sera pas confortable selon les prévisions pour les acteurs du tourisme tunisien. Et même si la tendance baissière est désormais un fait, d'autres menaces pointent du nez et risquent de compliquer davantage la situation. Ainsi, pour Michael Frese, chef du grand TO «Rewe Touristik», l'envolée du prix du pétrole représente un vrai risque. Cette crainte se situe au niveau de la taxe de surcharge carburant que les compagnies aériennes pourraient instituer si le prix du pétrole continue sur sa lancée. «Si cela continue, cela pourrait avoir un impact négatif sur l'industrie du voyage. Car si le client dépense environ 250 euros rien que pour les taxes, l'on chasserait ainsi les clients à petit budget».
Le TO qui prévoit une croissance de 14% pour ses activités en Méditerranée, souligne que la Tunisie et l'Egypte seront les grands perdants cette année, étant donné que les états des réservations pour ces deux destinations affichent des baisses allant jusqu'à 60%.
Pour sa part, Peter Fankhauser président du directoire du TO Thomas Cook Allemagne, estime que la voie du salut pour la Tunisie et l'Egypte proviendrait de la «casse des prix» et de l'incapacité des autres destinations méditerranéennes d'absorber à elles seules le trafic, étant donné leur capacité d'accueil encore limitée. Ce sont essentiellement la Turquie, l'Espagne et la Grèce qui profitent des flux touristiques perdus par la Tunisie et l'Egypte, a-t-il ajouté.
Dans le même sillage, le président de TUI Allemagne, Volker Böttcher, a indiqué que «l'année 2011 ne sera pas une année de ventes de dernière minute». Böttcher, qui a affirmé que les ventes de la TUI pour l'été ont chuté de 50% pour la Tunisie et de 22% pour l'Egypte, a souligné que sa compagnie a déjà réduit sa capacité aérienne de 60% pour ces deux destinations. Toutefois, il s'est déclaré prêt à augmenter cette capacité en fonction de la demande.
Cependant, le nouveau président de l'Association allemande des agents de voyages (DRV) M.Jürgen Büchy, qui a affirmé avoir demandé au gouvernement allemand de suspendre la taxe départ à destination de la Tunisie (8 euros) et de l'Egypte (25 euros) en vue d'encourager les Allemands à reprendre le chemin de ces deux destinations, a souligné que des offres alléchantes (à bas coûts) pourraient également raviver chez les touristes allemands à budget limité l'envie de voyager vers ces deux pays.
Pour leur part, les professionnels tunisiens estiment que pour que les beaux dossiers du tourisme reviennent étayer les carnets de commande, des actions à l'adresse des tour-opérateurs, comme celles annoncées par l'Egypte, devraient être envisagées.
(Prochain article : L'exemple égyptien)


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