• Après trois heures d'attente, la conférence de presse de la secrétaire d'Etat américaine a été annulée sans explication aucune et sans la moindre excuse Hillary Clinton a raté hier une occasion en or. Celle de pouvoir s'adresser pour la première fois à une presse tunisienne libérée et surtout l'occasion de répondre à ses questions dont certaines auraient pu être très embarrassantes. La secrétaire d'Etat américaine, en visite de deux jours dans notre pays, était aux abonnés absents lors de sa conférence de presse prévue hier à midi au siège du ministère des Affaires étrangères à Tunis. Trois bonnes heures d'attente mais aussi d'effervescence se sont finalement soldées par un timide «Il n'y aura pas de conférence de presse». «Mme Clinton, nous a-t-on dit, est actuellement à La Kasbah en train de donner une autre conférence de presse». Impossible de vérifier. Auparavant, la salle qui devait abriter la rencontre (la seconde car la première a été évacuée) s'était transformée en un gigantesque studio. Chaque journaliste devenait tout à tour intervieweur et interviewé et certains ont même pris la parole à partir du pupitre destiné à l'illustre oratrice absente, sous les objectifs d'une nuée de caméras assoiffées d'images. Certains journalistes étrangers présents ont aussi pris la parole et n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. La situation devenue intenable a en fait commencé à se gâter dès l'arrivée des journalistes. Selon des confrères ayant assisté à la scène, deux jeunes reporters de la station radio privée «Shems» avaient pris des photos des responsables américains de l'organisation de ladite conférence qui n'a pas eu lieu finalement. Contrariés, ces derniers auraient insisté pour que les deux journalistes en question ne participent pas à la rencontre. S'ensuivirent alors des échanges oraux assez musclés. L'incident, apparemment clos, restait un autre problème : comment faire asseoir les journalistes qui accompagnaient la cheffe de la diplomatie américaine. D'où le changement de salle. Après les tests des casques pour la traduction et la mise en place de la forêt de micros sur le pupitre, une longue attente commençait et la situation évoluait vers son point de non retour avec des déclarations au vitriol de la part de certains jeunes confrères et consœurs. «Un manque de respect inacceptable», «une arrogance sans limites». «Cela n'est pas étrange de la part des dirigeants américains», autant de commentaires aussi amers qu'enflammés. Dehors, une foule s'amassait devant le portail du ministère pour exprimer sa colère contre la visite de l'ex-first lady.