Depuis le 14 janvier 2011 et face à la déferlante vague des partis politiques, le Tunisien a tendance à se perdre dans ce magma préélectoral du 24 juillet prochain. En effet, avec à peu près 50 partis (à ce jour) deux questions occupent l'esprit du citoyen lambda : qui fait qui ? Et qui fait quoi ? Tels des champignons qui foisonnent dans la forêt mais dont leur comestibilité exige un fin connaisseur pour sélectionner le bénéfique du maléfique (vénéneux), la tâche s'annonce rude pour nos concitoyens afin de s'identifier au bon parti et assimiler ses idéaux aux différentes orientations (social-démocratie, socialisme panarabisme, centre-gauche, écologisme, socialisme scientifique, Islamisme, centrisme, libéralisme, trotskysme, marxisme-léninisme, communisme etc.…). Justement, quand je regarde la mosaïque politique post-14 janvier, j'ai beaucoup de «mal» à savoir qui est qui. Je m'explique : les partis ont bien des dénominations familières de type «démocratique», «socialiste», «progressiste» et autres mais quid de leurs programmes ?. Or, les partis politiques modernes, dans les pays dont la démocratie est bien ancrée, ont abandonné depuis belle lurette ces antiquités idéologiques au profit d'une approche plus «pragmatique» du pouvoir dictée par l'instant présent. En fait, la seule idéologie qui soit clamée haut et fort par tous est le patriotisme (Al watan) et son âme sœur le nationalisme sans oublier le célèbre couple magique «justice et développement» (très vendeurs ces derniers temps). Ainsi, face à ce tsunami, une autre alternative s'offre aux électeurs : les candidats indépendants ou les partis indépendants. Certes, une idée erronée plane dans l'esprit de Monsieur et Madame Tout-le-Monde martelant le dogme que les candidats indépendants ne sont pas habilités à se présenter sous les systèmes proportionnels. C'est archi faux, bien que la plupart des élections utilisant les systèmes de RP (représentation proportionnelle) se déroulent exclusivement avec des candidats appartenant à un parti politique. Cependant, avec le scrutin à vote unique transférable, dans les faits, le candidat est au cœur du système et dans des pays comme la République d'Irlande, Canada, Suède etc.…, les candidats indépendants sont chose courante aux élections. Souvent, un candidat indépendant sera tout simplement traité comme un parti avec un représentant. En effet, le candidat indépendant est devenu ces dernières années le nouveau «swagger» politique à la mode. Disons qu'il est assimilé chez plusieurs comme le candidat de la rupture ou le candidat écolo. A une époque plus récente, on retrouve le candidat indépendant dans toutes les élections sur le Vieux Continent et même aux USA. A l'image de Ralph Nader, l'avocat et homme politique américain d'origine libanaise qui, en 2008, se présenta pour la quatrième fois consécutive à l'élection présidentielle américaine comme candidat indépendant, et obtint 0,5 % des votes populaires, soit le meilleur score obtenu par un candidat indépendant à ces élections. Mais des questions peuvent émerger autour de la candidature indépendante telles que : qui est ce candidat indépendant ? S'agit-il d'un PPNI (personnage politique non identifié) ou un bravache sans background politique mais bien actif dans le tissu associatif ? Ou bien un prétentieux hâbleur mais qui exprime un ras-le-bol par rapport à la politique politicienne? Fort possible ! La logique veut qu'il s'agisse d'un homo sapiens politique non aligné dans le schéma classique «gauche-centre-droite» (ainsi que leurs extrêmes. Aux dernières nouvelles, plusieurs intellectuels et hommes d'affaires tunisiens songent à se présenter aux élections de l'Assemblée constituante comme candidats indépendants. On cite par exemple, Youssef Seddik, le célèbre philosophe et anthropologue tunisien, spécialiste de la Grèce antique et de l'anthropologie du Coran, qui préfère rester indépendant de tout parti politique tout en s'engageant dans le travail associatif à travers son association (fraîchement établie) Averti (Association de vigilance et d'engagement pour la révolution tunisienne et son immunité). Assurément, devant un paysage politique aussi complexe, les partis indépendants et les candidats indépendants peuvent présenter une autre alternative aux élections du 24 juillet prochain (le premier scrutin libre et démocratique dans nos contrées depuis l'indépendance). Des élections déjà dans l'esprit des Tunisiens vu leur importance pour l'avenir du pays.