Que pensez-vous des deux modes de scrutin proposés par l'Instance supérieure ? Les expériences démocratiques dans les pays modernes montrent que deux modes de scrutin sont, généralement, adoptés. Il s'agit du scrutin uninominal et du scrutin à la liste proportionnelle, sans oublier le système mixte qui prend en considération les avantages des deux modes et essaye d'en tirer le meilleur profit. La question qui se pose, à l'heure actuelle, en Tunisie, est de savoir lequel de ces deux modes est le plus à même de répondre aux attentes des Tunisiens et de concrétiser les objectifs de la Révolution du 14 janvier, comme l'ont défini avec clarté et transparence les jeunes qui nous ont rétabli dans notre droit absolu à la dignité, à la liberté et à la participation. D'après vous, quel mode conviendrait le mieux pour l'élection de la prochaine Constituante ? Je suis convaincu que le scrutin uninominal (sur les individus) est le plus indiqué au cours de la phase transitoire par laquelle passe notre pays. Il accorde, en effet, une importance particulière au rayonnement des candidats, à leur présence sur la scène politique et facilite aux électeurs le choix des candidats qu'ils considèrent comme étant les plus proches d'eux et auxquels ils peuvent même s'identifier et demander des comptes, une fois les élections terminées. Quant au système des listes, il interviendra comme une étape naturelle qui viendra couronner l'évolution de la vie politique et renforcer la pluralité partisane. Que pensez-vous de la prolifération des partis politiques et quelles seraient les forces qui pourraient animer la vie publique nationale de manière à éviter les dérapages ? Je pense que la floraison des partis politiques est un phénomène tout à fait naturel. Il intervient, en effet, en couronnement de la Révolution du 14 janvier 2011, qui a permis de lever les obstacles sur la constitution des partis politiques, la liberté d'association, d'expression et d'opinion. Faut-il rappeler que les partis politiques ont évolué, de nos jours, dans le monde, de partis idéologiques pour devenir des partis de développement. C'est là une nouvelle donne qui mérite d'être suivie, analysée et vulgarisée sur la plus large échelle possible. L'important, aujourd'hui, n'est plus de créer un parti politique mais plutôt de faire en sorte que ce parti puisse proposer au peuple des programmes de développement efficients qu'il est en mesure d'exécuter et qui reflètent effectivement les préoccupations du citoyen et ses ambitions. Quels sont les partis nouvellement créés qui disparaîtront d'eux-mêmes après l'élection de la Constituante et quels sont ceux qui s'imposeront comme les plus représentatifs ? Pour répondre à cette préoccupation qui semble à l'ordre du jour, pour les initiés et les concernés aussi bien que pour le citoyen ordinaire, je dirais qu'il est difficile de faire, à l'heure actuelle, des pronostics qui pourraient tromper l'opinion publique d'autant plus que l'opération est liée aussi au régime que l'Assemblée constituante aura à choisir entre le parlementaire et le présidentiel.