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De la culture « ultra » au face-à-face avec le pouvoir
Enquête
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 03 - 2011

Alors que des adolescents n'ont rien connu d'autre depuis leur enfance que la culture ultra, l'Etat décide du jour au lendemain de leur ordonner de ne plus exister. L'espace urbain qui était 100 % propriété de l'Etat est devenu leur scène alternative.
Les groupes de supporters indépendants en Tunisie ont vraisemblablement commencé en 2002 quand fut créé le groupe « Ultras» de l'Espérance à l'occasion d'un match de la Ligue africaine. Indépendants car, avant eux, des groupes existaient mais étaient assujettis aux bureaux directeurs des clubs. Très vite, tous les clubs ont leur groupe ultra et certains grands clubs ont même vu fleurir d'autres groupes. Leur capacité d'organisation et de mobilisation n'a pas créé seulement une ambiance européenne dans nos stades. Elle a aussi entraîné une totale indépendance des groupes de supporters vis-à-vis des instances officielles du club, malgré leur infiltration par des personnes mandatées par la police pour les contrôler.
Contrairement aux pays européens, où les groupes de supporters sont organisés en associations, en Tunisie, du fait de la faiblesse du tissu associatif, ils s'organisent de façon autogérée : pas de hiérarchie, une circulation non contrôlée de l'argent, une circulation très fluide des membres… Comme leur nom l'indique, les ultras se présentent comme les supporters les plus radicaux d'un club de football. Leur moyenne d'âge est basse et ils se distinguent des autres supporters par leur manière d'encourager leur équipe : ils ont leurs propres signes distinctifs et, 90 minutes durant, ils chantent la gloire de leur club et la leur. Comme leur passion, leurs chants — repris d'ailleurs par le reste du public — sont excessifs. Ils ont une tonalité guerrière : on y évoque souvent guerre, révolution, commandos, martyr et, logiquement, la volonté d'en découdre avec l'autorité. Ainsi, même s'ils créent une ambiance festive sur les gradins, à travers de belles chorégraphies, les équipes ont toujours eu une attitude de défiance vis-à-vis de ces groupes qui ne leur étaient pas assujettis et qui finirent par inquiéter les autorités qui décidèrent de réagir pour juguler le phénomène.
Un concentré d'énergie
Leur indépendance d'esprit faisait peur. Si les dirigeants et les joueurs se sont contentés de les regarder à distance, les autorités politiques étaient prises de court: une poignée de personnes pouvaient, durant un match de football, avoir la mainmise sur 60 mille sans que les autorités ne puissent trouver la parade, sauf bien sûr la matraque. Concrètement, les autorités se sont retrouvées confrontées à des jeunes, parfois issus de familles aisées mais principalement des quartiers populaires, marginaux pour nombre d'entre eux, talentueux, énergiques, passionnés qui s'activent en dehors du système. Et qui réussissent à faire acte de création collective.
Enorgueillis de leurs succès, les ultras s'affichent de plus en plus en tant que tels en dehors des stades : par leurs vêtements, par leurs tags et graffitis, par leurs déplacements en groupe, par leur langage et leurs chansons qui envahissaient tout l'espace public. Là, l'Etat va intervenir et comme à son accoutumée par la répression. En tout état de cause, un Etat policier ne pouvait laisser libre cours à cette force en mouvement, à un tel concentré d'énergie née dans les couches les plus défavorisées du pays. Dans la situation dans laquelle se trouvent les Tunisiens, il n'était pas bien facile de trouver les excuses qui lancèrent les hostilités. Humiliations policières, diabolisation médiatique, déchaînement judiciaire et dispositifs de sécurité drastiques furent le lot hebdomadaire des ultras ces dernières années. Las de l'inefficacité des clubs, le pouvoir pesa donc de tout son poids en décidant via ses gouverneurs la dissolution des groupes de supporters et leur interdiction des stades. Privés d'existence et donc de ressources, ils disparaîtront des stades mais ils vont se fondre parmi les marginalisés…
Le bras de fer avec le pouvoir change de terrain !
Alors que certains adolescents n'ont rien connu d'autre depuis leur enfance que la culture ultra, l'Etat décide du jour au lendemain de leur ordonner de ne plus exister, de devenir « hors-la-loi ». L'Etat ordonne leur mort; ils n'ont plus droit de cité. L'ambiance au stade n'est plus aussi festive et les tensions entre groupes s'exacerbent. La police continue son travail de sape avec pour mission : diviser pour mieux régner.
Malgré les mesures de sécurité, les fouilles humiliantes à répétition, la violence, l'interdiction du port de tel ou tel maillot, de telle ou telle autre écharpe, de telle ou telle couleur, etc., les groupes continuent de « sévir » via leurs chants et surtout leurs fumigènes, narguant les forces de l'ordre. La police multiplia les rafles et les arrestations, favorisant ainsi un climat d'extrême tension perceptible aux abords et dans les travées des stades. Le bras de fer avec le pouvoir change de moyens et de terrain ! Il se passe dans la ville. Outre les face-à-face entre police et supporters très fréquents en province, dans la capitale et quelques grandes villes, les murs des gares et des stations, les véhicules de transport public et les panneaux, tout est envahi par des slogans cassants qui traduisent la colère de ces jeunes face à l'exclusion, à la répression, à l'oisiveté…
Contrôlé, verrouillé, plastifié, l'espace urbain qui était propriété à 100% de l'Etat est devenu une scène alternative. L'appropriation de l'espace urbain est alors une négation de la domination clanique. A l'échelle individuelle, le tag (ou graffiti) traduit une volonté d'affirmation des revendications spécifiques. Avant, l'Etat était dominateur mais la personne parvient finalement à trancher le conflit de territorialité. Presque une consécration qui sera un triomphe grâce à un autre espace d'expression : internet. Un outil par lequel les jeunes feront leur révolution et encore une fois le pouvoir n'y trouvera aucune parade …
Quelques exemples de groupes
* Club Africain : African Winners; Leaders clubistes; North Vandals ; Dodger's Clubistes ; Ultras Chicos; Smoke Boys; African United; Coringa; Red Boys ;
* Club Athlétique Bizertin : Big Boss , Drughi Cabiste; Ultramarines, Bizertino junior, Requins du Nord
* Club Sportif Sfaxien : Raged Boys; Black & White Fighters ; Ultras Sfaxiens; Leoni ;
* El Gawafel Sportives de Gafsa : South Empirio;
* Espérance Sportive de Tunis : Ultras l'emkachkhines ; Blood & Gold ; Zapatista Esperanza ; Supras Sud ; Torcida Espérantistes; Matadors ;
* Etoile Sportive du Sahel : Ultras Saheliano ;Fanatics; No fear; Hools squad
* Jeunesse Sportive Kairouanaise : Green Warriors;
* Stade Tunisien : Bardo Boys ; Kaotic Group;
* Union Sportive Monastirienne : Spartiates ; SureñòS ; Power marines ;
* Avenir Sportif de Gabès : Eagles ; Ultras Red Pirates.


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