La France a également annoncé que pour raisons de sécurité elle fermait jusqu'à nouvel ordre l'accès au public à sa représentation dans la capitale yéménite. L'ambassade d'Espagne a, elle, imposé dimanche des restrictions d'accès à ses locaux. Le Japon a suspendu ses services consulaires. L'Italie a ouvert sa mission diplomatique, mais seulement partiellement. "Pour aujourd'hui, l'accès du public est limité, seules les personnes ayant déjà rendez-vous sont autorisées", a expliqué l'ambassadeur à Sanaâ, Mario Boffo, joint par téléphone. Un responsable des services de sécurité yéménites a déclaré que deux militants islamistes avaient été tués et un autre avait été blessé lors d'affrontements avec les forces gouvernementales. "Ces éléments sont soupçonnés d'être à l'origine des menaces visant l'ambassade des Etats-Unis. Les combats se poursuivent", a dit ce responsable. Al Qaïda dans la péninsule Arabique, émanation du réseau dirigé par Oussama Ben Laden, a revendiqué la tentative d'attentat du 25 décembre contre le vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Detroit, pour lequel un Nigérian de 23 ans formé au Yémen a été inculpé par la justice américaine. Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est confronté à une rébellion chiite dans le Nord et à des tensions séparatistes dans le Sud. Son ministre des Affaires étrangères avait estimé le mois dernier que le pays pourrait abriter jusqu'à 300 activistes liés à Al Qaïda. Raids saoudiens contre les chiites Les responsables des missions diplomatiques américaine et britannique à Sanaâ ont fait savoir qu'ils évaluaient la situation et prendraient aujourd'hui une décision sur une éventuelle prolongation de la fermeture des ambassades. A Washington, un proche collaborateur du Président Barack Obama a déclaré que les Etats-Unis disposaient d'indications selon lesquelles Al Qaïda prépare un attentat contre un objectif à Sanaâ. Al Qaïda a affirmé que la tentative d'attentat le jour de Noël contre l'avion de ligne américain était une riposte à l'engagement des Etats-Unis au Yémen et à leur soutien militaire au gouvernement de Sanaâ, qui mène une offensive contre le groupe islamiste. Le Yémen a d'ores et déjà renforcé les mesures de sécurité sur ses côtes pour empêcher que des islamistes s'introduisent dans le pays en provenance de Somalie. Selon l'agence de presse officielle yéménite Sana, les autorités ont placé sous une surveillance 24 heures sur 24 des activistes d'Al Qaïda dans deux provinces du littoral, des militants islamistes somaliens s'étant dits prêts à envoyer des renforts au Yémen. Sur le terrain, des raids de l'aviation saoudienne ont tué 16 personnes dans la zone frontalière avec l'Arabie saoudite, affirment les insurgés chiites sur leur site internet. Les rebelles houthis, dirigés par Abdoul Malik Al Houthi, précisent que six personnes ont péri et six autres ont été blessées dimanche lors d'attaques qui ont détruit deux maisons. Une autre attaque a provoqué la mort dix personnes et fait 13 blessés sur un marché dans un autre secteur, ajoutent-ils. Le nord du Yémen est le théâtre d'une insurrection de la part des rebelles de la secte Zaïdi en lutte contre les forces gouvernementales depuis 2004. Les insurgés dénoncent une politique de marginalisation sociale, économique et religieuse menée selon eux par les autorités de Sanaâ. Le conflit, qui a fait des centaines de morts et conduit au déplacement de dizaines de milliers de personnes, s'est étendu à l'Arabie Saoudite en novembre lorsque des rebelles y ont mené une incursion.