• Le rétablissement de la sécurité au sein des tribunaux, une urgence impérieuse La grève déclenchée hier par les magistrats à travers l'ensemble des tribunaux de la République, en vue de protester contre le climat d'insécurité et les actes de violence et d'agression perpétrés ces derniers jours contre eux, a enregistré un taux de participation national estimé à 90%. A Gafsa, où le mouvement a démarré, ils ont été 100% à avoir suivi l'appel à la grève alors qu'à Ben Arous, 97% parmi les magistrats du Tribunal de première instance ont tenu à exprimer leur solidarité active avec leurs confrères qui ont été agressés, plus particulièrement à Gafsa et à Gabès. Non à la politisation de la magistrature Les magistrats relevant du syndicat nouvellement constitué ont accouru en masse pour répondre présent à l'appel de leurs confrères à Gafsa. Quant à l'Association des magistrats tunisiens (AMT), dirigée par Ahmed Hamrouni qui semble «découvrir le monde de la politique, ses délices et les perspectives qu'il offre» — comme le souligne une magistrate de Ben Arous —, elle s'est distinguée par une position surprenante et significative à plus d'un égard. «L'AMT est totalement contre la grève et contre la création même du syndicat qu'elle accuse à tort de chercher à la supplanter. D'ailleurs, les magistrats, jaloux de leur indépendance et de leur statut spécifique, sont conscients des dérives qui semblent traverser l'Association et s'opposent catégoriquement à ce que la magistrature soit politisée», poursuit la même magistrate. A Gafsa, où la grève a été respectée à 100%, M. Moëz Ouerghi, substitut du procureur de la République, est revenu sur les événements qui sont à l'origine des actes de violence survenus le vendredi 25 mars dernier. Ainsi, nous précise-t-il, «quatre individus n'ont pas hésité à attaquer le juge d'instruction près du Tribunal de première instance, lui reprochant violemment les décisions qu'ils a prises à propos d'une affaire en cours d'instruction où certains de leurs proches sont impliqués. En dépit de nos appels lancés à la police, les auteurs de ces actes sont toujours en liberté et pourtant nos revendications sont simples et claires. Elles concernent l'arrestation de ces individus qui ont fait fi du prestige de l'Etat et de son autorité et la garantie de la sécurité des juges et des justiciables au sein des tribunaux». Les mêmes revendications sont reprises par M. Mansour Chlendi, magistrat à Gabès, où la grève a enregistré un taux de participation de l'ordre de 70%. Il appelle à une solution urgente mettant un terme à la situation précaire que vivent les tribunaux dans la région, depuis la révolution du 14 janvier 2011. «Autant nous sommes mécontents de la gestion par l'AMT des affaires de la profession, autant nous sommes opposés à l'instrumentalisation politique de notre mouvement et par l'association et par le syndicat», tient-il à clamer. M. Issam Lahmar, secrétaire général du Syndicat des magistrats, lequel «ne fait pas double fonction avec l'association et n'interfère pas dans son champ d'intervention», insiste sur la préservation de la sécurité au sein des tribunaux qui constitue, selon lui, une urgence majeure. Il est à préciser que la grève des magistrats se poursuit aujourd'hui, vendredi 1er avril.