* 2025 cas enregistrés en deux ans Le premier trimestre de l'année scolaire 2009/2010 a été marqué par une vague de violences perpétrées contre des enseignants. C'est ce que révèle une pétition émanant du syndicat régional des enseignants du secondaire de Ben Arous. Cette pétition fait état de la résurgence d'actes de violence (verbale ou physique) dont les victimes appartiennent tous au corps enseignant exerçant dans plusieurs établissements scolaires de la région (Mhamedia, El Mourouj, Borj Cédria, Jedaida, Mornag et Radès). Les signataires expriment leur indignation tout en faisant assumer la responsabilité à la Direction régionale de l'Education et de la Formation et le Ministère de tutelle, dans la détérioration des conditions du travail et du climat d'insécurité sévissant dans plusieurs établissements scolaires de la région. L'Union Régionale du Travail de Ben Arous a, à son tour, fait parvenir un communiqué à la date du 05/12/2009 où il était question de description détaillée de tous les actes de violence commis contre des enseignants, par des élèves ou parents d'élèves. Les parents s'y mettent aussi Le document révèle toutes les circonstances dans lesquelles certains enseignants ont été victimes d'une agression violente, alors qu'ils étaient sur le lieu du travail. La liste des actes de violence survenus entre octobre et décembre 2009 est, à vrai dire, longue et très détaillée ; mais nous nous bornerons à mentionner quelques uns de ces actes à titre d'exemples. Le 23 octobre, à l'école du village méditerranéen de Radès, une institutrice a été malmenée en paroles malsaines et grossières accompagnées de gestes violents de la part d'un parent d'élève ; un inspecteur, voulant s'interposer, a lui-même reçu sa part d'invectives et d'injures de ce parent indomptable qui avait traité tout le monde de « chiens ». Un autre acte de violence a eu lieu dans le même mois au Lycée Cité Al Kasr de Mhamedia où le frère aîné d'une élève a fait irruption dans la salle où l'enseignante de sa sœur faisait son cours tranquillement. Il l'a maltraitée devant ses élèves. Traumatisée, l'enseignante a pris la fuite vers la salle des profs où l'énergumène l'a suivie pour l'intimider davantage au su et au vu de tout le monde. Un autre événement s'est produit au collège d'El Mourouj V où un professeur a été victime de violence verbale et physique de la part d'un élève, lequel s'est vu renvoyé définitivement du collège ! Le 31 octobre, un autre acte de violence a été perpétré contre une enseignante du collège d'El Mourouj VI entre midi et une heure : deux inconnus se sont introduits furtivement au sein de l'établissement et sont allés dans la salle de l'enseignante pour la harceler et l'insulter en l'intimidant ainsi devant ses élèves. Du coup, elle a fait une dépression alors que les deux intrus ont pris la poudre d'escampette. La dernière agression en date fut celle du 3 décembre au lycée de Mornag où un professeur de philo a été victime de violence verbale et physique alors qu'il était en train de surveiller un devoir pendant la semaine bloquée : trois inconnus se sont infiltrés dans l'établissement pour venir terroriser le prof qui, voulant se défendre, a dû être exposé à une riposte très violente de la part de ses agresseurs ! D'autres actes de violences non moindres ont eu lieu durant le dernier trimestre dans plusieurs autres établissements de Ben Arous qui consistaient à lancer des pierres sur un prof en train d'exercer ses fonctions au lycée de La Nouvelle Médina III, à s'attaquer à une voiture d'une enseignante garée au parking du lycée en causant des dégâts matériels importants… Signalons que tous ces incidents ont été suivis automatiquement par un arrêt de travail d'un quart d'heure décidé par les syndicats de base respectifs de l'enseignement en signe de protestation contre ces brimades qui portent atteinte au statut de l'enseignant et à l'intégrité de l'établissement scolaire. Des mesures timides Une réunion a eu lieu le 19 novembre 2009 (dont le procès verbal n'a été signé que le 07 janvier 2010) entre le syndicat régional du secondaire et la Direction régionale de l'Education et de la formation de Ben Arous pour débattre du phénomène de la violence scolaire dans plusieurs établissements de la région et essayer de trouver les moyens adéquats pour y mettre fin. Après avoir passé en revue tous les cas de violence perpétrés contre les enseignants et les causes de la recrudescence de cette violence dans certains établissements, les deux parties se sont mises d'accord sur plusieurs mesures à prendre immédiatement surtout dans les établissements prioritaires qui représentent un taux très élevé de violence, notamment l'Ecole préparatoire d'El Mourouj VI, l'Ecole préparatoire et le Lycée secondaire à Mhamedia, l'Ecole préparatoire de Fouchana et le Lycée secondaire de Borj Cédria. Ces mesures consistent à agir sur les véritables problèmes générateurs de violence dans les établissements scolaires, à faire les travaux d'entretien nécessaires garantissant la sécurité et la bonne marche des études dans les établissements scolaires et à doter ces établissements d'un nombre suffisant de cadres administratifs et d'agents d'encadrement (surveillants). Pour éviter aux étrangers de s'introduire dans les établissements et perpétrer leurs actes de violence, il a été décidé de fournir des badges à tous les élèves et des cartes de visite destinées aux parents ou aux tuteurs des élèves sans quoi ils ne sont pas autorisés à passer. Il a été également convenu que la Direction régionale tiendrait des réunions avec tous les chefs d'établissements en vue de les exhorter à plus de vigilance quant au contrôle des entrées pour empêcher toute intrusion étrangère au sein des établissements. La Direction régionale de l'Education et de la Formation s'est engagée en outre à porter plainte auprès des tribunaux contre toute personne impliquée dans un acte de violence perpétré contre un enseignant ou un agent administratif. Et ces autres agressions quotidiennes Ces actes agressifs à l'encontre des enseignants montrent bien que la violence a atteint un stade suprême dans nos écoles. Inutile de mentionner les autres formes de violences subies quotidiennement par les milliers de profs, notamment dans les collèges et les lycées, où jamais un cours ne passe sans cris, sans gros mots, sans invectives, sans jets de bouts de craie, sans sonneries de téléphone portable et sans coups de poings échangés entre les élèves ! Il faut bien des nerfs d'acier pour pouvoir supporter ces actes dégradants et outrageants pour le prof et l'institution scolaire à la fois. Si la majorité des profs tiennent le choc, en témoignant d'une grande patience et en faisant preuve d'indulgence envers leurs élèves, beaucoup supportent de plus en plus mal cette violence quotidienne, sans oublier ceux qui ne dénoncent pas la violence dont ils sont victimes, comme nous l'a affirmé un responsable syndicaliste. Quand les actes de violences contre les enseignants atteignent le chiffre de 2025 en deux ans, il y a de quoi tirer le signal d'alarme ! D'ailleurs, la lutte contre la violence scolaire, notamment celle ciblant les enseignants, figure sur la liste des recommandations adoptées par le congrès sectoriel du Syndicat régional de l'enseignement secondaire de Ben Arous qui s'est déroulé vendredi dernier ; de telles recommandations devraient être soumises au prochain congrès du syndicat national de l'enseignement secondaire qui se tiendra les 11 et 12 janvier 2010 à Tunis, sous le signe de « la dignité de l'enseignant »