Le projet du décret-loi électoral est enfin en discussion au sein de l'Instance supérieure de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, que préside Pr Iyadh Ben Achour. Et bien que le récent élargissement de cette instance à des représentants des régions et à de nouvelles personnalités nationales fasse qu'elle n'était pas tout à fait au complet, le débat a permis, hier matin, de dégager une certaine tendance à propos du mode de scrutin, sachant que le vote interviendra très probablement lundi prochain. Le mode de scrutin par liste à la proportionnelle absolue semble ravir la préférence de la plupart des membres, sachant que l'on pencherait pour des circonscriptions assez étendues, même s'il sera, en fait, impossible d'uniformiser les critères à ce niveau. Ainsi le gouvernorat de Tozeur aurait, dans le cas où la base de 60.000 serait retenue, un seul siège au sein de l'Assemblée nationale constituante, ce qui transformerait ici le mode proportionnel en majoritaire relatif, même si l'on finit, comme l'ont suggéré certains dans l'esprit d'une discrimination positive en faveur des régions de l'intérieur, par accorder un siège supplémentaire à ce gouvernorat. Par contre, les gouvernorats très peuplés comme Tunis ou Sfax seront divisés en plusieurs circonscriptions dont le nombre de sièges reste à définir. Etant bien entendu que plus ce nombre sera important, plus l'effet proportionnel jouera dans la répartition des sièges d'une même circonscription sur le maximum de partis politiques au prorata du pourcentage de voix recueillies par chacun. A noter que la proportionnelle favorise l'élection des femmes et des minorités. Les membres de l'Instance ont été nombreux à rejeter le mode de scrutin uninominal majoritaire dans l'esprit d'écarter tout risque d'allégeance aux personnes ou de mainmise de l'argent, et d'éviter de réveiller les démons du régionalisme ou — pire — du tribalisme. Plusieurs membres se sont également exprimés en faveur d'une interdiction de candidature qui viserait des responsables RCD ayant eu de hautes charges nationales ou régionales. Quant à la question du financement de la campagne électorale, le courant majoritaire serait favorable à un financement public équitable dont les conditions restent à définir.