Dans plusieurs régions où le personnel médical et paramédical a affiché un sens du devoir sans équivoque dans un climat d'insécurité totale, le personnel à différents niveaux n'a pas observé de sit-in, ni avancé des revendications sociales, malgré des conditions de travail difficiles. Pourtant, les situations financières et administratives sont précaires dans des établissements comme l'hôpital de Tébourba. Mardi 29 mars. Un hôpital perdu dans la campagne à 2 km de la ville. Il couvre quatre gouvernorats, accueille 220 malades par jour en consultation et est dépourvu d'une unité de radiologie et d'un laboratoire d'analyses. La visite guidée dans cet établissement révèle le calvaire quotidien du personnel, submergé par des patients chaque jour nombreux et auscultés dans une salle exiguë comparable à une salle de soins d'un dispensaire qui sert de salle à la fois d'urgence et de consultations externes. Six généralistes se relaient jour et nuit, assistés par deux infirmières. Dans un couloir jouxtant les urgences où l'on y accède de partout, deux petites salles partiellement équipées servent à accueillir des patients nécessitant une surveillance médicale tels les cardiaques, les diabétiques… Un budget limité L'hôpital de Tébourba a vécu des moments très durs après le 14 janvier. L'ambulancier et l'infirmière se souviennent des fouilles aux barrages et des menaces suite à la rumeur des ambulances conduites par les snipers. «Nous avons assuré des transferts de blessés et malades vers la capitale et notre ambulance a été saccagée …». Les infirmiers, les ambulanciers, la sage-femme et les deux gardiens de l'établissement sont encore sous la menace. Le 4 mars dernier, la tension était à son apogée. Une femme accouchait dans le service de maternité, lorsque trois agresseurs armés de couteaux ont envahi les lieux et agressé le médecin de garde et les infirmiers. Seul, le gardien de l'hôpital qui a pourtant reçu un coup de couteau au front a réussi à les chasser, aidé par quelques habitants accourus aux cris de détresse. Une belle leçon de solidarité de la part des citoyens. La directrice, Mme Emna Chérif, affirme que l'hôpital disposait d'un budget honorable. Ce budget n'a pas servi à améliorer les équipements mais à maintenir fonctionnels les 20 centres de santé de base dans la région. Dans son bureau, la directrice négocie avec la Pharmacie centrale l'approvisionnement de son hôpital en médicaments pour des maladies chroniques et aiguës. «Les dettes s'accumulent mais il faut bien soigner les malades», soupire-t-elle. Un appel pour améliorer les prestations Najoua Trabelsi, Bassam Mejri, Hedi Sghaïer, Mahdi Trabelsi, Hédia Horchani, Faouzia Rezgui, Frej Jlassi, tous évoquent les aléas du quotidien, le manque d'équipements, l'insécurité, l'indemnité de risque dérisoire (3D par nuit)… L'équipe médicale et paramédicale est à saluer pour son abnégation. Elle saisit l'occasion de notre visite pour lancer un appel destiné à renforcer la sécurité de l'hôpital, ses équipements pour de meilleures prestations et lui donner un nouveau souffle en recrutant de jeunes diplômés. Appel qui, nous l'espérons, trouvera écho auprès des responsables. Tout comme par ailleurs cette demande de Abdelmajid Mezlini pour une intégration en tant qu'agent.