A «La Fête de la Citoyenneté et de la Solidarité», organisée par l'association «Citoyens et Solidaires», plusieurs voix se sont mêlées : celle du politique, du poète et surtout , fortes et inspirées, émanant du tréfonds de leur humanité plus qu'humaine, meurtries et rongées de toutes les souffrances, celles du artistes qui se sont succédé en cette soirée du 2 avril, à la Coupole d'El Menzah. Les deux «Amel», Hamrouni et Mathlouthi, et le chanteur algérien Baaziz, qui ont définitivement rompu avec une tradition qui voulait que l'artiste/poète soit dans sa tour d'ivoire, insensible aux problèmes et aux douleurs pour devenir, bien au contraire, en lien avec le monde, où le chant permet d'extérioriser ses sentiments, notamment par le registre lyrique, un registre centré sur l'engagement. La première à se produire fut Amel Hamrouni, silhouette gracile, sobrement vêtue d'un smoking noir, entourée de sa troupe, six musiciens, six instrumentistes (luth, violon alto, violoncelle, accordéon, percussion) qui l'accompagnent de leur virtuosité et de leur présence vibrante pour que sa voix, qui chante la liberté, s'exalte. Les chansons se succèdent, signées, pour les paroles ,de poètes tels Taïeb Bouallègue ou encore Ahmad Matar. Il a beaucoup été question de quête. Quête de lumière, «le soleil qui m'inonde et m'irradie c'est ma liberté». Une nouvelle chanson qu'Amel chante pour la première fois «Mezal fik al naffas», oui il te reste encore du souffle, pour tenir la souffrance à bout de bras jusqu'à la victoire! Son tour de chant fut clôturé par la chanson «Femmes de mon pays» musique signée Hédi Guella. Amel Mathlouthi lui succéda sur scène, drapée dans une robe rouge. Sa guitare à main la masque presque tant Amel est menue mais ça c'est la fraction de seconde avant qu'elle ne commence à chanter d'une voix pure, cristalline et puissante sans doute capable, si elle venait à tenir la note plus longtemps, de briser les verres de cristal. Tout comme le jeune Oscar dans le fameux film de Volker Schlondorff «Le Tambour». D'ailleurs, la comparaison ne s'arrêterait pas qu'à la puissance de la voix. La métaphore utilisée par le cinéaste politique allemand, dans ce même film, n'est-elle pas celle du refus de la dictature ? «La voix», ou «The Voice» n'a-t-elle pas été la chanson qui à permis a l'Irlande, en pleine lutte pour sa liberté contre l'occupant anglais, de gagner une première victoire, celle de l'Eurovision en 1996, grâce à une merveilleuse chanteuse et des paroles celles qui nous rappellent notre lutte pour la démocratie : Je suis la voix de ton histoire N'aie pas peur, viens, suis-moi Réponds à mon appel et je te libérerai. C'est ce qu'a également cherché à transmettre Baâziz à un public acquis et conquis. Pour continuer à vibrer avec cet auditoire,qui reprend en chœur la plupart des refrains de leurs chansons et devant une salle les acclamant debout, Amal Mathlouthi et Baâziz chantèrent en duo, en parfaite symbiose et communion artistique et de principes.