Qu'est-ce qui est resté du Caire? Une qualification, trois buts, des attaques de feu, des défenses gruyères et un envahissement de terrain jamais vérifié dans l'histoire du football. Kaïs Yaâcoubi et Lotfi Rouissi racontent le retour de l'enfer. Le match tirait à sa fin. Il ne restait plus que trois minutes à disputer. L'arbitre assistant venait d'annuler un but à Ezzamalek pour un hors-jeu flagrant. On ne pensait pas que les joueurs égyptiens, qui avaient protesté contre la décision de l'arbitre, allaient indirectement mettre le feu aux poudres. Le jeu avait pourtant repris mais pas pour longtemps. Un, deux supporters, puis des dizaines, des centaines et des milliers ont envahi la pelouse. Première cible, le trio arbitral qui a eu la chance d'être protégé par les policiers. Les assaillants ont ensuite visé les joueurs du Club Africain. Pourtant, tout avait bien commencé Et là, les choses ont commencé à mal tourner. Comme le dira Kaïs Yaâcoubi : «Nous avons vécu un cauchemar. Tout s'est vite passé. Nous n'avons pas eu le temps de réagir. Le danger était réel. Les supporters égyptiens tenaient des bâtons cloutés et des barres de fer pour nous agresser. Personnellement, j'ai dû enjamber les panneaux publicitaires et regagner la tribune d'honneur pour sauver ma peau. Cela, non sans avoir reçu quelques coups. Il y avait des gens qui essayaient de nous secourir. Ils faisaient de leur mieux. Le dérapage était total. Je n'arrive pas à m'expliquer ce qui a poussé ces énergumènes à agir de la sorte. Finalement, je me dis que le fait d'être rentré en Tunisie sain et sauf est un miracle». Rien, mais alors rien ne destinait ce match à de tels évènements. Tout avait bien commencé pour la délégation clubiste, bien accueillie à l'aéroport par les responsables du club cairote. Comme pour rendre la monnaie à leurs homologues du Club Africain qui se sont pliés en quatre pour offrir un agréable séjour aux Zamalkaouis à Tunis. Lotfi Rouissi à son tour se souvient : «Les Egyptiens étaient aimables. Ils nous ont permis de nous entraîner dans les meilleures conditions. C'était à leur honneur. Le jour du match, tout a changé. Les supporters étaient surchauffés. Le changement d'attitude était radical». Lotfi Rouissi insiste pour dire que les joueurs et le staff technique d'Ezzamalek n'y étaient pour rien. Au contraire, ils ont protégé les joueurs clubistes. Il ajoutera : «Je me souviendrai toujours du geste d'Ahmed Gaâfar qui a protégé Mehdi Ressaïsi. Hani Saïd et Houssem Hassan se sont également portés à notre secours. De mon côté, j'ai pu regagner les vestiaires avec Ifa, Souissi et Aouadhi. On se croyait à l'abri. Pas pour longtemps, puisque nous fûmes rattrapés et agressés. La situation était chaotique et la police ne donnait pas signe de vie. Il a fallu l'intervention des militaires pour que nous soyons définitivement à l'abri». Les Clubistes, sous forte escorte, ont finalement pu quitter le stade pour l'hôtel avant de regagner l'aéroport. Ce match face à Ezzamalek vécu dans des conditions dramatiques, les Clubistes ne sont pas près de l'oublier. Bien que la qualification soit au bout du chemin, Yaâcoubi, Rouissi et leurs joueurs n'ont pas eu le temps de la savourer.