Le symbole est assez insolite pour mériter qu'on s'y attarde : Harbaoui le rebelle, l'iconoclaste, le révolutionnaire d'avant toute révolution, s'offre pour sa rentrée tunisienne, les fastes d'un palais. Mais prend aussi le risque de relever le défi que lance à tous ceux qui l'investissent, l'espace grandiose de ce superbe monument aux cimaises qui ont écrasé plus d'un artiste. «Habiter» le palais de Kheireddine Pacha est une gageure de taille, et il faut beaucoup de talent, d'audace et de puissance pour s'en tirer indemne. Harbaoui est prêt à l'affrontement et à la confrontation. Cet artiste qui est, selon nous, l'un des plus talentueux, mais aussi des plus imprévisibles de sa génération, ne craint pas les risques. Il plonge d'abord, et réfléchit ensuite. Ou ne réfléchit pas, et se fie à son instinct. C'est, en tout cas, l'impression que peut donner sa peinture quand on essaie de décoder ses flamboiements, ses irradiations, ses couleurs de colères, ses explosions de passions. On en saura beaucoup plus tout à l'heure, lors du vernissage, qui attirera amateurs des beaux-arts et personnalités, dont le ministre de la Culture qui a accepté que cet événement soit placé sous son égide. Il a intitulé son exposition «La révolution ….et pas seulement». Sa révolution, on connaissait déjà. Que nous promet le reste ?