Ils ont tous les trois une affinité spéciale avec le village : parce qu'ils y vivent, y travaillent ou aiment à y venir. Sans que leur travail n'ait rien de commun, ils ont des liens de compagnonnage, de sensibilité, ou de génération. Aussi, n'était-il pas surprenant de les voir exposer ensemble, et de trouver, malgré les différentes personnalités, une cohérence dans le travail de Hamda Dniden, Mourad Harbaoui et Brahim Azzabi réunis cette semaine sur les cimaises du musée de Sidi Bou Saïd. A tout seigneur tout honneur, Hamda Dniden est l'hôte des lieux. Il les investit, y installant ses géantes débonnaires, déesses terriennes des aubes de l'humanité. Elles occupent l'espace de leur puissance, mères nourricières, symboles de fécondité, Junons aux formes généreuses auxquelles les hommes font allégeance. Hamda Dniden les réunit en d'obsédantes accumulations, leur offrant ainsi l'hommage dû aux déesses lares de toute éternité. Mourad Harbaoui continue d'hésiter entre une abstraction assumée et quelques traces de regrets d'un figuratif effacé. Et c'est probablement dans cette valse- hésitation qu'il est le plus émouvant, le plus sincère et le plus prometteur. On aime ses éclaboussements de couleurs, ses fusions solaires, ses audaces et ses libertés. Cela fait longtemps que l'on a plaisir à suivre l'évolution de cet artiste qui est probablement l'un des plus intéressants de sa génération. A ce jour, il a réussi à toujours nous surprendre. Brahim Azzabi, quant à lui, est égal à lui-même : il affiche toujours la même rigueur, la même exigence, la même inquiétude insatisfaite. Surprenant, cependant, lui aussi, sur ces chemins de l'onirisme qu'il explore, dans cette veine surréaliste qui sied à sa peinture, et où on a plaisir à le voir s'aventurer. Et vers laquelle on a envie de lui suggérer de poursuivre. Si tant est que l'on puisse suggérer quelque chose à Brahim Azzabi. Une partition à trois mains se joue donc au Musée de Sidi Bou Saïd, et mérite qu'on s'y intéresse. Alya HAMZA