Le nombre de ressortissants libyens a augmenté à Ras Jedir durant les trois derniers jours. Des centaines de voitures circulent, à présent, à Ben Guerdane et à Zarzis. Quant à ceux qui sont arrivés au point de passage par divers moyens de transport, ils sont admis dans les camps d'El-Ketf et d'Echoucha. Des dizaines d'autres ressortissants ont choisi la voie maritime et ont accosté, dimanche, au port d'El-Ketf de Ben Guerdane. Même chose du côté de Dhhiba où plusieurs familles fuyant les combats ont traversé la frontière et sont logées actuellement dans un camp dressé sur place. Pour les camions poids lourd libyens, ils sont des dizaines à faire la queue à Ras Jedir. Mais seules les têtes tractrices de ces véhicules sont autorisées à pénétrer en Tunisie. Et, paradoxalement, ces camions retournent en Libye, après un temps, avec des remorques et des bennes chargées de marchandises. Par ailleurs, l'hygiène laisse à désirer dans les camps de Ras Jedir. Une friperie qui s'étale sur une grande surface est très fréquentée. Les marchands ambulants de produits alimentaires et de fruits sont nombreux. Une odeur nauséabonde se dégage de la place. Des couvertures délaissées partout jonchent le sol. Des tas d'ordures sont toujours là malgré les campagnes de propreté et la bonne volonté des organisations humanitaires mondiales. Des maladies respiratoires et contagieuses ont été détectées dernièrement sur les lieux et il est risqué de s'y rendre sans porter de masque. J'y suis, j'y reste Les réfugiés qui sont actuellement à Ras Jedir et ses environs se comptent par milliers. Les organisations mondiales font de leur mieux pour leur rendre service, mais c'est toujours insuffisant. Les Soudanais protestent quotidiennement et revendiquent leur rapatriement. D'autres en revanche, et notamment les Somaliens et les Nigériens, ne veulent plus quitter la Tunisie. Dimanche soir, des réfugiés nigériens ont agressé des travailleurs tunisiens venus leur annoncer le moment de leur départ : «Nous sommes bien là où nous sommes. Nous voulons y rester, ou le cas échéant partir à Zarzis pour rejoindre l'Europe via Lampedusa», disent-ils. Il a fallu l'intervention des militaires pour remettre de l'ordre dans le camp.