Le spectacle n'est plus le même au poste frontalier de Ras Jedir et le décor a également changé dans le camp d'Echoucha où nous avons remarqué, hier matin, une amélioration à tous les niveaux, grâce au concours des bénévoles qui a coïncidé avec l'arrivée récente de familles entières libyennes, irakiennes, palestiniennes et soudanaises dans leur majorité. L'Unicef a bien fait d'envoyer des équipes d'animation au profit des petits. Pour sa part, le ministère tunisien des Affaires de la femme a dépêché sur les lieux quatre psychologues pour accompagner cette frange de ressortissants angoissés et stressés et qui ont vraiment besoin d'un soutien moral. Les autres nationalités se comptaient encore par milliers. Originaires surtout du Bangladesh, du Vietnam, de Somalie et du Tchad, ils attendent toujours d'être évacués du camp de Ras Jedir pour être rapatriés de l'aéroport international Djerba-Zarzis. Mais si les flux migratoires ont diminué par rapport aux jours précédents, «le flot est loin de se tarir de l'autre côté de la frontière», nous confient Hassine et Mahmoud, deux Tunisiens qui ont échappé au contrôle libyen pour atteindre Ras Jedir. Les convois d'aides affluent toujours Les aides humanitaires n'ont pas cessé d'affluer vers les camps des réfugiés, malgré l'appel lancé par le Conseil local de la révolution. Emanant de presque toutes les villes tunisiennes, ainsi que de l'étranger, des files de véhicules sillonnent l'artère principale qui relie Ben Guerdane à Ras Jedir. Cinq camions chargés d'eau minérale affrétés par l'Algérie sont déjà arrivés. D'autres aides et équipes médicales envoyées du Maroc, du Qatar et des Emirats Arabes Unis sont aussi sur place. L'Amérique, l'Espagne, la France et plusieurs organisations mondiales humanitaires ont aussi participé à cet élan de solidarité. Le navire militaire français, le porte-hélicoptères «Mistral», a accosté, hier matin, au port commercial de Zarzis chargé d'un grand nombre de tentes, couvertures, lits, médicaments… au profit des réfugiés. Nous avons appris aussi qu'un mécène qatari est entré en contact avec le Conseil local de la révolution pour exprimer son soutien, souhaitant prendre en charge les frais concernant les ressortissants qui ont franchi la frontière fuyant les massacres perpétrés en Libye.