Par rapport aux jours précédents, on peut dire que le nombre de ressortissants par le poste frontalier de Ras Jedir a beaucoup baissé ces derniers jours. 1.620 réfugiés, dimanche passé, et 1.320, le jour suivant, ont franchi la frontière. Ils sont Libyens pour la plupart. Certains sont dans un état qui inspire la compassion à leur arrivée, même si les blessés sont très rares. «Nous avons vécu des moments inoubliables. La situation se dégrade de plus en plus et de jour en jour. Les combats font rage et les produits de première nécessité sont introuvables. Nous avons quitté Tripoli il y a trois jours et nous sommes arrivés là il y a une heure», nous confie M. Jilani, un enseignant à la retraite, accompagné de sa famille. Dans les camps d'Echoucha, Ezakra et El Ketf, l'élan de solidarité se poursuit et des campagnes de propreté sont perceptibles tous les jours. De gros efforts sont fournis pour maîtriser la situation. Juste quelques cas de grippe. Il faut dire que les organisations humanitaires mondiales présentes sur les lieux ne lésinent pas sur l'effort pour rendre service aux milliers de réfugiés de différentes nationalités parqués à Ras Jedir depuis quelque temps. Certains sont au bout de l'ennui. Les Soudanais, à titre d'exemple, manifestent chaque jour et haussent le ton, revendiquant leur rapatriement le plus tôt possible. Profitant de cette situation, des passeurs originaires de la ville de Ben Guerdane prennent le risque de s'aventurer en terre libyenne. Ils traversent clandestinement les frontières pour aller proposer des produits alimentaires et des médicaments aux Libyens bloqués dans les villes. Et puisqu'il n'y a pas de carburant dans les stations-service libyennes, ces passeurs récupèrent, par la même occasion, des ressortissants contre de l'argent…