La Banque mondiale est en train de travailler en étroite collaboration avec les responsables tunisiens pour fournir un appui multisectoriel. La Banque mondiale n'oblige pas les pays à contracter des crédits, mais impose des critères qu'elle considère adaptés à son client. Notre pays est un partenaire privilégié et un bon élève de cette institution depuis l'Indépendance. Les conditions imposées par la banque sont strictement appliquées – malgré les remous et les réticences syndicales – et les crédits sont remboursés dans les délais. Cela a permis depuis des années d'accomplir plusieurs réalisations dans le domaine de l'infrastructure, entre autres. On se souvient encore de l'ajustement structurel économique adopté par la Tunisie en 1984 qui a permis de donner un coup de fouet à l'économie nationale administrée par l'Etat. Il a fallu libéraliser l'investissement, privatiser massivement les entreprises étatiques qui opèrent dans des secteurs concurrentiels et qui pourraient être gérées par les privés, la libéralisation du commerce, de l'initiative privée, des prix... Certains syndicalistes sont allés jusqu'à considérer ces mesures comme impopulaires vu le désengagement évident de l'Etat de plusieurs secteurs. Libre de prendre des mesures judicieuses La même institution a applaudi à la révolution tunisienne et a promis de soutenir le peuple tunisien afin qu'il continue à réaliser ses projets pour dynamiser la vie économique et assurer un bien-être à la population. Pour traduire cet appui dans les faits, la vice-présidente pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) à la Banque mondiale vient d'effectuer une visite officielle de trois jours en Tunisie, et ce, du 6 au 9 avril pour s'entretenir avec plusieurs responsables dont le Premier ministre. Evidemment, l'initiative a été prise par le gouvernement de transition qui préfère continuer à collaborer avec ce bailleur de fonds. Cependant, à chaque période ses spécificités et ses conditions. A la demande du gouvernement, la Banque mondiale est en train travailler – en étroite collaboration avec les responsables tunisiens – pour fournir un appui multisectoriel qui vise à accroître la transparence, la participation citoyenne et la responsabilisation sociale. C'est que la transparence a souvent fait défaut – notamment au cours des dernières années – dans la gestion des affaires de l'Etat sous prétexte que le gouvernement est libre de prendre les mesures judicieuses en dehors de toute contrainte ou instruction. A la faveur de cette bonne gouvernance, la Banque mondiale estime qu'il serait possible de créer de nouveaux postes d'emploi, d'améliorer le rythme de la croissance du secteur privé. Elle est d'accord avec le gouvernement de transition pour fournir l'assistance nécessaire afin de promouvoir l'emploi dans les régions défavorisées sans consacrer pour autant les bases de l'Etat providence. La banque a horreur des investissements improductifs que certains considèrent comme des «aides sociales». Même si le système capitaliste a montré ses limites après la crise financière et économique qui a touché pratiquement tous les pays du monde, la Banque mondiale se dit prête à fournir l'expertise et l'expérience internationale qu'elle a accumulées des années durant. Le gouvernement de transition ne peut s'engager, bien entendu, que dans des projets à moyen terme en soumettant tout au plus des recommandations et des conseils pour le futur gouvernement qui sera en place après les élections. Cela ne l'empêche pas, néanmoins, d'effectuer une évaluation macro-économique de la situation et d'étudier les besoins de la Tunisie en programmes spécifiques. On sait que sur la liste des grands projets figurent de nombreux projets d'envergure qui ont besoin de financements colossaux. Parmi ces projets, ceux qui concernent l'infrastructure de base (autoroutes, aménagement des routes et des pistes, protection des villes contre les inondations), les chantiers hydrauliques, de transport... L'essentiel est de commencer par concrétiser les projets prioritaires qui ont un rapport direct et de proximité avec les citoyens qui doivent être impliqués dans leur réalisation et leur préservation, Aussi, la Banque mondiale a-t-elle organisé une série de consultations avec divers membres de la société civile (représentants des associations) et des académiciens en vue de mettre à profit les connaissances acquises dans la réalisation des projets. En fait, la Banque mondiale a toujours misé sur la société civile qui dispose des compétences nécessaires et assure un suivi et une gestion efficaces des projets avec la participation des citoyens qui sont les premiers bénéficiaires au lieu de compter sur les circuits lents et complexes de l'administration publique.