ISLAMABAD (Reuters) — Islamabad veut interroger le père de la bombe A pakistanaise Abdul Qadeer Khan, soupçonné d'avoir transmis des secrets nucléaires à l'Irak et l'Iran, a déclaré hier un avocat du gouvernement. La requête déposée par le gouvernement devant la Haute Cour de Lahore survient à deux jours de l'ouverture d'un dialogue stratégique entre les Etats-Unis et le Pakistan, à l'occasion duquel Islamabad pourrait demander un accord sur le nucléaire civil similaire à celui conclu entre Washington et l'Inde. «Nous demandons l'autorisation de voir le Dr (Abdul) Qadeer Khan et d'enquêter sur ce dossier, et aussi de l'empêcher de s'exprimer publiquement et de prendre contact avec quiconque», a déclaré l'avocat du gouvernement, Naveed Inayat Malik. La Cour, après une audience préliminaire hier, a ajourné ses débats à mercredi prochain. Selon l'avocat de Khan, Ali Zafar, l'initiative du gouvernement n'est qu'une riposte à une requête judiciaire de son client, qui conteste les restrictions imposées par les autorités à ses déplacements. Pour Islamabad, ces restrictions visent uniquement à assurer la sécurité du savant atomiste. Selon deux articles parus dans le Washington Post les 10 et 14 mars, l'expert nucléaire pakistanais a essayé d'aider l'Irak et l'Iran à produire des armes nucléaires, a précisé Malik. Ces contacts auraient été connus du gouvernement pakistanais. Khan comme Islamabad ont démenti les allégations contenues dans ces articles. Khan a avoué lui-même, en février 2004, avoir transmis des informations et du matériel nucléaires à l'Iran, la Libye et la Corée du Nord. Il avait été alors pardonné par le président d'alors, Pervez Musharraf, mais placé en résidence surveillée. Il a été libéré de cette assignation à résidence sur décision de la Haute Cour en février 2009. A l'époque, le gouvernement pakistanais avait tenté d'apaiser les inquiétudes de Washington et de la communauté internationale en déclarant que le réseau de Khan avait été totalement démantelé et que le chercheur n'avait aucun accès au programme nucléaire du Pakistan. Le Pakistan, qui n'est pas signataire du traité de non-prolifération, a procédé à plusieurs essais nucléaires en 1998 mais on suppose qu'il disposait dès 1986 de la capacité de fabriquer des bombes atomiques. Islamabad espère aborder la question d'un accord sur le nucléaire civil lors de son dialogue stratégique avec Washington qui doit débuter demain.