Cent jours de silence et une reprise exagérément animée La reprise n'aura pas été sans incidents : à Radès, Gabès, Sfax et surtout Béja : bouteille à moitié pleine ou à moitié vide ? En fait, les petits envahissements de terrain enregistrés à Radès (EST-CAB) et Sfax (CSS-ESHS) relèvent plutôt du folklore initié lors des sorties africaines du Club Africain contre les Egyptiens d'Ezzamalek à Radès. La dimension de ces invasions de l'aire de jeu a été quasiment insignifiante, l'ordre ayant été très vite rétabli. On était bien évidemment à mille lieues de l'envahissement massif du stade du Caire et du drame évité de justesse. Des actes, certes, répréhensibles, mais «tolérables» dans l'effervescence manifestée par les jeunes en ces lendemains de Révolution. Mais là où il y a eu véritable danger, c'est samedi à Gabès et dimanche à Béja. La décision de ne laisser accéder aux stades de Ligue 1 que les supporters du club recevant a montré ses limites. A Gabès, le Club Africain compte des milliers de fans qui ont pu entrer dans le stade, puisqu'ils sont de la région. Il a suffi que le club de Bab Jédid égalise par l'intermédiaire de Mouihbi sur penalty pour assister à des scènes regrettables. Chassés par les tifosis de la zliza, les fanas du club de Bab Jédid ont dû chercher refuge dans une tribune isolée. Pour y accéder, il leur fallut escalader une barrière de protection d'une hauteur assez effrayante. Dans ce mouvement de panique, d'inévitables blessés sous le regard médusé et impuissant des stadiers. Fort heureusement, les secours rapides évitèrent le pire. Avec un stade plus grand et un public plus nombreux, les risques auraient été amplifiés. Cette mesure sans queue ni tête et ségrégationniste doit au plus tôt être rangée. Prochain point chaud, lors de la prochaine journée à Zarzis où l'Espérance de Tunis compte de nombreux supporters. Tirer les leçons d'une journée-test Au Kémiti de Béja, la rencontre OB-ASM a, tout compte fait, ressemblé à un petit cauchemar. On peut aisément imaginer le soulagement avec lequel l'arbitre Mohamed Hédi Bakir a sifflé la fin de la rencontre à la 71e minute… Un méga-arrêt, déjà deux minutes avant l'interruption définitive. Les téléspectateurs zappaient, zappaient, mais la partie ne reprenait toujours pas, depuis l'invasion du terrain par des dizaines de supporters. Puis la décision qu'on aurait pu penser, sur le coup, salutaire de reprendre le jeu, pour, au bout du compte, voir l'Avenir prendre deux buts en trois minutes et décider de se retirer, alors qu'il aurait pu le faire— et il avait de bonnes raisons de le faire — dès la 69e minute, soit au premier arrêt. Dans cette atmosphère surréaliste, le pire était à tout moment possible, un petit rien pouvant allumer la mèche. Imaginez les conséquences qui auraient pu découler de l'effondrement de la barrière de protection ouvrant sur l'aire de jeu à partir du moment où la partie a été arrêtée pour près de trois quarts d'heure! On sait que le lien reste indéfinissable entre le pire à craindre et le pire qui vous afflige! Les instances ont en tout cas tout intérêt à tirer les leçons de cette journée-test pour tout ce qui concerne la sécurité, l'organisation, le rôle des stadiers (que l'on s'est surpris à voir quelque part fêter par le geste, de façon «ostentatoire», la victoire de leur équipe favorite) et la présence du service d'ordre.