Michel Decastel fait souffler le chaud et le froid à Sfax. Adulé en Coupe de la CAF par les fans locaux, il lui arrive d'être stigmatisé en championnat en dépit du relatif bon classement des Sudistes. L'homme en est néanmoins pleinement conscient et, du reste, cela ne le dérange nullement du moment qu'il impute ce comportement désapprobateur à des « Nabbara » (c'est le terme qu'il a lui-même utilisé) comme il se plait à le souligner. Quoiqu'en pleine préparation de la finale retour contre El Merrikh du Soudan, il a eu l'amabilité de faire pour nous un large tour d'horizon concernant la marche des futurs détenteurs du trophée africain. -Le Temps : Avant d'entamer le volet Coupe d'Afrique, pouvez-vous nous brosser un tableau sur l'état des lieux de vos poulains ? - Michel Decastel : je ne puis qu'être satisfait du rendement de mes joueurs. En dépit de la fatigue engendrée par les pénibles safaris africains, nous sommes en bonne position en championnat et finaliste de la coupe de la CAF. - Vous donnez l'impression de gérer deux groupes distincts ; l'un étonnant de brio balayant tout sur son passage en Coupe de la CAF), l'autre collectionnant les déconvenues (ESS, CAB à domicile) malgré une victoire controversée sur le difficile terrain d'Hammam-Lif. Un CSS à deux vitesses en quelque sorte ? -Contre l'ESS, nous ne méritions nullement la défaite, et personne n'aurait trouvé à en redire si la victoire avait été sfaxienne. Contre le CAB, les esprits étaient ailleurs, plus précisément au Soudan. Absence de concentration, erreurs individuelles élémentaires et un adversaire qui a connu eu une réussite insolente alors que la chance qui nous a tourné le dos. Vous avez là les ingrédients d'un match perdu bêtement. - Comment voyez-vous justement vos chances de disputer le sprint final avec les prétendants classiques qui ont affiché déjà leurs intentions ? - Le championnat est encore trop long, et puis n'oubliez pas que ceux que vous mentionnez vont se rencontrer entre eux. Cela nous permettra de leur recoller au train. De plus, nous recevrons l'ESS et l'EST à la maison et, croyez- moi, nous tirerons les plus grands dividendes de ces confrontations. Et puis, tout compte fait, nous ne sommes pas aussi distancés que vous le dites ! -Peut-on vous qualifier de « mal-aimé » à Sfax ? - Je l'ai toujours dit, certains « Nabbara » veulent nuire à M. Zahaf par le biais de son entraîneur. Ils en sont même venus à souhaiter les déconvenues et les revers au groupe pour que le club change de direction. Leur jeu est cousu de fil blanc et ils sont archi-connus de tous à Sfax ! - Le CSS a pratiquement la Coupe de la CAF en poche. Vos impressions mais ne nous dites surtout pas que rien n'est encore joué et qu'il reste encore une manche à disputer etc. ? - Verser dans un optimisme béat est la façon la plus sûre de se faire piéger. Alors j'insiste, le trophée n'est pas encore gagné. Mieux, il est loin d'être dans la poche car les Soudanais ont une équipe qui force le respect et nous avons eu beaucoup de réussite pour les cartonner chez eux. Nous filer un sec (0 - 3) est tout à fait dans leurs cordes, si nous les prenions de haut. Surtout qu'ils n'ont plus rien à perdre. Pour exemple, je vous renvoie à une certaine finale européenne où Milan s'est fait souffler la coupe par Liverpool malgré une avance de trois buts à la pause. De plus, les Soudanais ont cartonné à deux reprises cette semaine (5-0 et 4-0) dans leur compétition nationale, donc méfiance et rigueur. Il faut donc oublier le match aller et se concentrer comme il se doit sur le match retour. Nous aurons tout le temps de festoyer après le coup de sifflet final de l'arbitre. - Une finale africaine aurait connu un meilleur engouement dans un cadre autrement plus accueillant, tel le stade 7 Novembre à Radès. N'êtes-vous pas de cet avis ? - La famille sfaxienne a décidé de conquérir ce trophée à domicile. Nous devons nous y plier et réaliser les vœux de toute une région. - Ce n'est pas par hasard par superstition envers l'aréne de Radès après la déception de la saison dernière en Champion's League ? - Absolument pas ! C'est uniquement une question de symbiose entre tout le gouvernorat de Sfax. - Un mot sur la préparation pour ce grandissime rendez-vous ? - Elle se fera sûrement en dehors de la ville, histoire de soustraire les joueurs de l'effervescence qui ne manquera pas d'y régner. Djerba est l'endroit le mieux indiqué pour une meilleure concentration du groupe. -Des inquiétudes volet effectif ? - Tous les joueurs répondront présents pour participer à cette apothéose. - Vous avez sûrement votre petite idée sur les personnes qui mériteraient qu'on leur dédie ce sacre annoncé ? - Tous ceux qui ont contribué à notre réussite et ne nous ont pas mis les bâtons dans les roues. Avec une mention spéciale pour Elyès Brinis avec mes plus sincères souhaits de prompt rétablissement. -Michel Decastel à la tête du CSS l'année prochaine ? ... Large sourire qui en dit long sur l'état d'esprit du Suisse... - Un mot pour la fin ? - Mes souhaits à la vraie famille du CSS de brandir le trophée continental, sans pour autant occulter notre intention de disputer âprement les autres titres en jeu : championnat, Coupe de Tunisie et probablement la Supercoupe d'Afrique à Sousse, Inchallah. Mon respect également à toute l'équipe du Journal Le Temps pour son sérieux et son objectivité dans l'accomplissement de sa tâche.