Comment évaluez-vous la décision de l'Instance supérieure d'opter pour le mode de scrutin de liste à la représentation proportionnelle avec les plus grands restes ? Avant de répondre à la question, je souhaite d'abord rappeler que la haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique est une instance purement consultative et n'a pas le pouvoir de légiférer. Et pour cause, cette instance est loin de représenter le peuple tunisien puisqu'elle n'a pas été élue. D'ailleurs, ses membres ont été nommés dans une conjoncture post-révolutionnaire où la majorité des partis politiques à ce jour ne sont pas représentés. Cette instance a la charge d'asseoir une démocratie pour laquelle des martyrs sont tombés depuis les événements du bassin minier de Gafsa en 2008 jusqu'au 14 janvier 2011. S'agissant du mode de scrutin, je soutiens la proposition d'un scrutin à deux tours, à liste et à la proportionnelle. En effet, étant donné l'atomisation actuelle du paysage politique, ce mode de scrutin permet aux formations politiques de se regrouper et de nouer des alliances avec les formations qui leur sont proches idéologiquement et présentant une complémentarité géographique et humaine. A ce propos, il est primordial de noter que notre parti Al-Mustakbal appelle à ce que l'Assemblée constituante qui sera élue le 24 juillet prochain le soit pour une période d'une année maximum. Il nous paraît également important que les membres de cette assemblée ne reçoivent aucune indemnité, compte tenu de l'esprit militant de la révolution que nous voulons enraciner dans la culture politique des générations futures. Notre parti annonce, d'ailleurs, d'ores et déjà sa participation aux élections du 24 juillet, et ce, au niveau national et régional. Quelle est votre réaction vis-à-vis de la mesure relative à l'inéligibilité des personnes ayant exercé une fonction au sein du RCD durant les 23 dernières années ? L'article 15 du projet de loi électoral est tout simplement antidémocratique. Nous constatons, alors que nous sommes dans une phase de construction d'une Tunisie juste, équitable, confortablement assise sur des institutions démocratiques fortes et une justice indépendante, que des forces rétrogrades souhaitent revenir à des pratiques que nous considérons appartenir au système déchu. Seules les urnes ont la légitimité d'exclure. Quel regard portez-vous sur la décision relative à la parité hommes-femmes sur les listes de candidature à la prochaine Constituante ? Le parti Al-Mustakbal a été le premier à demander une réelle parité hommes-femmes au sein de l'Assemblée constituante (Cf. interview Tuniscope du 15 mars 2011). C'est pourquoi nous nous réjouissons des dispositions prises par l'Instance en ce sens. Cependant, une vraie parité hommes-femmes ne peut être possible sans un réel engagement des femmes tunisiennes. En effet, un tel objectif nécessite une implication des femmes dans la vie politique de notre pays, notamment en prenant part au débat politique au sein des partis et des associations actives sur le terrain.