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La gifle présumée emportera-t-elle un mythe nommé Bouazizi ?
Sidi Bouzid — Non-lieu pour Faïda Hamdi
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 04 - 2011


Par notre envoyée spéciale Olfa BELHASSINE
La Presse — Deux jours avant le procès d'hier matin, la ville de Sidi Bouzid était partagée entre défenseurs de Faïda Hamdi, l'agent de la police municipale accusée d'avoir frappé en pleine place publique Mohamed Bouazizi et les partisans de la cause d'un homme brûlé vif. Désespéré, humilié, marginalisé par un système basé sur l'injustice sociale et économique. Notre reportage.
Une tombe immaculée de blancheur. Fraîchement chaulée. En dessous de la plaque portant l'inscription suivante «Le martyr Mohamed Tarak Bouazizi. Né le 23/ 3/1984. Décédé le 4/1/2011. Que Dieu Tout-puissant l'accueille dans son Eternel Paradis», un bouquet de fleurs a été récemment déposé ici. «Au nom du peuple syrien», lit-on sur le papier cellophane qui l'enveloppe.
Deux jours avant le procès d'hier matin, la ville de Sidi Bouzid était partagée entre défenseurs de Faïda Hamdi, l'agent de la police municipale accusée d'avoir frappé en pleine place publique Mohamed Bouazizi et les partisans de la cause d'un homme brûlé vif. Désespéré, humilié, marginalisé par un système basé sur l'injustice sociale et économique. Notre reportage.
Une tombe immaculée de blancheur. Fraîchement chaulée. En dessous de la plaque portant l'inscription suivante «Le martyr Mohamed Tarak Bouazizi. Né le 23/ 3/1984. Décédé le 4/1/2011. Que Dieu Tout-puissant l'accueille dans son Eternel Paradis», un bouquet de fleurs a été récemment déposé ici. «Au nom du peuple syrien», lit-on sur le papier cellophane qui l'enveloppe. Dans le minuscule cimetière Sidi Salah de Groo Ben Nour, berceau des Bouazizi, entouré de terrains vallonnés saupoudrés d'oliviers, d'amandiers et de figuiers de Barbarie, la tombe du jeune vendeur de fruits dont l'immolation par le feu a déclenché un tsunami dans tout le monde arabe ne se distingue des autres que par son accessibilité. Elle a été aménagée à l'extrême bord d'une des pistes agricoles menant à ce cimetière de campagne. A quelques mètres de là, une mosquée, une école primaire, quelques pauvres hameaux et un océan à perte de vue de terres arides, caillouteuses, livrées au vent cinglant des steppes…
«Les funérailles de Mohamed ont été des plus émouvantes. Des milliers de personnes l'ont accompagné de Sidi Bouzid jusqu'à sa dernière demeure», se rappelle Cheikh Hassine Ben Ali Ajili, qui a dirigé la dernière prière sur la tête du défunt. Vingt-cinq kilomètres séparent pourtant ce bourg perdu, situé sur la route de Lassouda, du chef-lieu. Inhumé le 5 janvier, au moment même où les grondements des manifestants se propageaient à Thala, Menzel Bouzayane, Regueb, Kasserine…le pouvoir de Ben Ali a-t-il poussé la famille Bouazizi à enterrer leur fils loin de la ville pour éviter que le feu de la douleur n'embrase une cité déjà agitée par les petites guerres nocturnes entre les chabab et les Brigades de l'ordre public (BOP) ?
«Faïda et Mohamed se connaissaient bien»
Mohamed n'est pas né sur ces terres. Ses parents ont quitté Groo Ben Nour en 1979, une année ou deux après leur mariage. Ils s'installeront dans un des quartiers les plus modestes de Sidi Bouzid, Hay Ennour. Les rues, pour leur plupart, n'y sont même pas goudronnées. Surpopulation. Un nombre anormalement élevé de handicapés…Les Bouazizi sont sept en tout. La mère, Manoubiya, aujourd'hui âgée de 55 ans, yeux bleus, peau brûlée par le soleil des champs où elle a toujours travaillé, stature solide, se remariera avec son beau-frère lorsque le père de Mohamed décède au début des années 90.
Mohamed est «un bon gars», affirmeront ses amis, souriant, serviable, débrouillard. Après avoir passé le bac mais sans succès, à vingt ans et quelques poussières, il était devenu le pilier de la famille, dont il partageait les charges avec son frère aîné, vivant et travaillant à Sfax.
Il avait emprunté la charrette à trois roues, qui lui servait de commerce ambulant et la balance sur laquelle il pesait ses fruits. D'où le déchaînement de sa colère ce vendredi 17 décembre 2010 vers midi lorsque l'agent de la police municipale Faïda Hamdi et ses collègues lui confisquent sa marchandise, sept kilos de bananes, deux cagettes de poires et quelques poignées de pommes, ainsi que la précieuse balance. Personne n'a voulu le recevoir, ni à la mairie, ni au gouvernorat. La suite sera dramatique…L'autre revers de la médaille : l'immolation par le feu du jeune homme déclenchera également une révolution, qui aura un effet domino sur une bonne partie du monde arabe.
«Des altercations entre Faïda et Mohamed se sont multipliées ces derniers temps. Un jeu de cache-cache les opposait. Elle, rigide dans l'application de la loi contre les marchands à la sauvette. Lui, essayant de se trouver, malgré vents et marées, le meilleur emplacement pour vendre ses fruits. Les deux personnes se connaissaient bien», soutient Chihab Mihoub, 27 ans compagnon de route de Bouazizi depuis sa plus tendre enfance.
Il ajoute : «Mohamed a dû sûrement l'insulter pour qu'elle réagisse avec autant de violence».
Le cœur de la ville balance en faveur de l'agent
Deux jours avant le procès d'hier matin, Sidi Bouzid était partagé entre les partisans de la libération sans condition de Faïda, sous les verrous depuis quatre mois, et les défenseurs de la cause d'un homme brûlé vif. Plus le jour J se rapprochait et plus le cœur de la ville balançait en faveur de l'agent. Un comité de soutien de la jeune femme réunit avocats, cadres régionaux, hommes d'affaires et des membres du Comité de protection de la révolution. Faïda a toujours clamé son innocence. Les nouveaux témoignages confirmeront ses assertions. Malgré les litres d'encre qui ont coulé autour de la fameuse gifle dans toutes les langues du monde, elle n'aurait pas frappé Mohamed ! Y aurait-il eu un malentendu autour de l'événement fondateur de notre Révolution ? Seraient-ce toutes ces années d'iniquité sociale et économique, la marginalisation d'une jeunesse éduquée, instruite et abandonnée à son sort ajoutées à une corruption généralisée jusqu'au sommet du pouvoir régional, qui ont amplifié la teneur d'un tragique fait divers ?
Jusqu'à dimanche après-midi, lorsque nous lui avions rendu visite, Manoubiya Bouazizi demandait encore que justice soit faite dans l'affaire de l'agent municipal Faïda Hamdi. Elle était revenue à Sidi Bouzid après avoir déménagé avec mari et enfants à la Cité Bousalsala à La Marsa depuis le début du mois pour assister au verdict du mardi 19 avril. Et aussi pour trouver une solution au différend qui l'opposait à sa voisine, coupable d'avoir grignoté un mètre sur le lotissement de sa maison afin de construire un mur. L'affaire avait provoqué une polémique vendredi au tribunal de la ville. Manoubia exploitait-elle sa situation de mère de martyr à son propre profit ?
Suspicion et jalousie
Surprenante est sa décision de renoncer hier matin au Tribunal de première instance de Sidi Bouzid à poursuivre l'accusée Faïda Hamdi. Serait-ce la pression de la rue ? Certes la célébrité soudaine des Bouazizi, qui ont reçu dans leurs modestes murs le secrétaire général des Nations unis Ban Ki-moon, plusieurs télés du monde et un nombre infini de journalistes a dû attirer également jalousie et suspicion. La population parle de milliards accumulés par la famille du défunt !
La mère répond : «Le 28 décembre dernier, lorsque Ben Ali nous convie au palais ma fille Leïla et moi, il m'a glissé 20.000 dinars, que je lui ai jeté au nez. J'ai fini par accepter son argent sous l'insistance de ses gardes. J'ai perçu également la prime des chahid de 20.000 dinars offerts par le gouvernement de transition aux parents des martyrs. Deux chaînes de télé arabes m'ont donné chacune 2.000 dinars. Enfin un Tunisien vivant en France m'a envoyé un chèque de 1.200 dinars. Ne croyez surtout pas que je me suis enrichie sur le dos de mon regretté fils…».
Faïda a été acquittée. Les Bouzidis, attroupés par centaines autour du Tribunal hier semblaient soulagés du verdict prononcé vers 11h du matin. Rachid Fétini, entrepreneur salue ce jugement «juste» : «Voici un dossier clos. Nous allons passer maintenant aux choses sérieuses : travailler sur le développement économique, social et culturel de notre région».
La vraie- fausse gifle, qui a emporté Ben Ali et Leila Trabelsi loin très loin d'ici pourra-t-elle éroder l'image d'un mythe nommé Bouazizi ?


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