Depuis quelques jours, un exode massif n'a cessé de franchir le poste frontalier de Dhehiba. Des milliers de Libyens ont pris d'assaut ce point stratégique et se sont réfugiés dans le gouvernorat de Tataouine. Pendant ce temps, ce sont les insurgés anti-Gueddafi qui contrôlaient minutieusement ce passage. Les forces fidèles à Gueddafi cherchaient pour leur part à stopper cet exode et n'avaient d'autres solutions que reprendre le poste de Dhehiba. Elles ont essayé à deux reprises mais elles ont échoué. Elles ont été repoussées dans le territoire libyen par l'armée tunisienne. Une troisième tentative à laquelle a assisté M. Kilani Ben Aïssa, comme témoin oculaire, a été la plus osée. Ce fonctionnaire du ministère des Sports nous confie : «Les fidèles à Gueddafi ont emprunté une piste saharienne, à la limite du praticable, El-Marbah, un vrai labyrinthe situé entre Ghazaya et Wazen, au moment où justement les insurgés s'étaient rendus dans la localité de Zenten à quelques kilomètres de Dhehiba et n'ont laissé au poste que 25 des leurs. Une patrouille comprenant 2 chars et 25 voitures pro-Gueddafi ont pu pénétrer par cette piste. Ils ont contourné le poste de Dhehiba et attaqué les 25 insurgés. De violents combats ont opposé les deux camps. Des obus et des projectiles sont même tombés à Dhehiba. Les rebelles libyens qui étaient à Zenten sont vite revenus pour renforcer les rangs de leurs collègues. Les affrontements ont duré de 5h00 du matin jusqu'à 11h00 de la journée d'hier. Au terme de ces combats, les fidèles de Gueddafi se sont enfuis et se sont rendus à l'armée tunisienne. Ils ont été reconnus par des jeunes Libyens campés avec les réfugiés dans les tentes. Armés de bâtons et de pierres, ils étaient environ un millier à attaquer ces soldats pro-Gueddafi. Les forces tunisiennes se sont interposées. Elles ont tiré en l'air, ont agi en toute neutralité et ont soigné les blessés dans le dispensaire de Dhehiba. Les insurgés ont repris alors le contrôle du point de passage, alors que les gueddafistes ont été repoussés dans le territoire libyen.» Tataouine débordée et paniquée Les trois derniers jours, le poste de Dhehiba a été pris d'assaut par des milliers de familles libyennes. Le nombre a dépassé les 30 mille, selon M. Ali Mourou, nouveau maire de Tataouine. «Les camps dressés par les Emirats Arabes Unis, le Qatar et le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés sont archicombles. Toutes les délégations du gouvernorat ont participé à l'élan de solidarité pour héberger les nombreux réfugiés et leur offrir des produits de première nécessité. Mais les vivres, les couvertures et les médicaments ne suffisent toujours pas, en dépit des efforts fournis par les organisations humanitaires mondiales et les diverses ONG venues de partout. On a été pris de court et les flux n'ont cessé d'arriver jour et nuit. La ville de Dhehiba a été également le théâtre de quelques affrontements entre les rebelles et les fidèles de Gueddafi qui ont tenté de reprendre le contrôle du point de passage. Heureusement que l'armée tunisienne qui surveille nos frontières s'est interposée. Elle a mis fin à la panique des habitants. Elle était totalement neutre dans son intervention. Les rebelles anti-Gueddafi ont repris le poste de passage alors que les forces pro-Gueddafi ont été repoussées dans le territoire libyen».