Lancement de politiques environnementales, adoptions de modèles d'innovations technologiques propres ou encore mise en place d'un système de management basé sur l'éthique au sein de l'entreprise. Ce sont les conclusions auxquelles nous avons abouti au cours de nos analyses précédentes. A travers des données statistiques et des analyses quantitatives, accompagnées d'un raisonnement logique et parfois en s'appuyant sur des idéologies philosophiques, nous avons exposé l'importance de l'implication de l'entreprise dans un processus de développement durable, à travers la mise en place, en premier lieu, d'une culture d'éthique au sein de son unité. Théoriquement, nous avons démontré au cours du premier article, à travers différentes études qui ont été menées par des organisations mondiales, que le développement durable va de pair avec la croissance économique. Certes, de telles affirmations pourraient mobiliser les autorités politiques pour lancer des stratégies de développement durable, mais est-ce que des entreprises à but lucratif se lanceraient dans de telles stratégies à travers la mise en place d'un processus d'éthique environnementale, uniquement grâce à des études qui montrent la rentabilité économique d'un développement durable ? La réalité du marché économique mondial montre que malgré l'engagement de quelques entreprises dans des stratégies vertes, la plupart d'entre elles fonctionnent encore suivant un modèle de développement non propre en ignorant la composante environnementale. Face à ce défi et aux inquiétudes environnementales, les organisations non gouvernementales (ONG) du développement durable ont pris le pouvoir sur les entreprises en exerçant sur elles des pressions et en effectuant un travail de lobbying en faveur de l'adoption d'une politique verte par ces structures économiques. Un acteur pas comme les autres, l'ONG se caractérise par sa structure non lucrative qui a pour but la défense des droits de l'homme et de son environnement et la coopération active au développement vert. Par son pouvoir sur l'entreprise, l'ONG définit sa relation sur l'alternative pression/partenariat. A travers ces deux concepts, une ONG joue un rôle très important dans le lancement des stratégies vertes. En amont, elle sensibilise le public par des manifestations et des campagnes de pression visant les gouvernements et, de plus en plus directement, les entreprises. En aval, les ONG collaborent avec certaines entreprises dans le cadre de partenariats visant la métamorphose du tissu économique actuel vers un tissu économique propre. En fonction de la nature de l'entreprise, de sa relation avec l'environnement et de la situation du tissu économique, les stratégies de pression/partenariat d'une ONG diffèrent. Face à un besoin de changement immédiat et ponctuel dans la conduite des entreprises, une ONG exerce une pression dite ciblée, à travers le lancement des campagnes visant certaines entreprises et certains aspects de leurs comportements. Les manifestations restent encore un moyen puissant de pression informelle exercée par les ONG afin de manifester leurs inquiétudes et leurs insatisfactions face à des problèmes environnementaux et face à l'irresponsabilité des entreprises. Toutefois, face à une rigidité des entreprises, les ONG recourent, en général, à des moyens de pression institutionnelle, par lesquels elles effectuent un travail de lobbying sur des organismes politiques nationaux ou internationaux pour la mise en place de législations contraignantes à l'égard des entreprises. Certes, la relation entre une ONG verte et une entreprise capitaliste est caractérisée, dans un premier temps, par une "guerre" de tensions à travers les pressions, de différents types, exercées par l'ONG. Cependant, ces pressions sont couronnées, dans la plupart des cas, d'une relation de partenariat entre l'ONG et l'entreprise. Via un partenariat orienté vers l'activité de l'entreprise ou un partenariat orienté vers l'activité de l'ONG, ces deux structures cherchent à établir une politique verte. Par une orientation vers l'activité de l'entreprise, une ONG travaille sur la mise en place de programmes verts impliquant une participation volontaire du secteur privé : certification environnementale, référentiel d'éthique environnementale… Dans le cas contraire où l'orientation est vers l'activité de l'ONG, il n'y aura pas un changement dans le circuit économique auquel participe l'entreprise, mais il y aura une amélioration de l'activité de l'ONG à travers des programmes de sponsoring, de marketing et de publicité. Dans ce rôle de pression/partenariat, l'ONG se réduit à un acteur de pouvoir sur les entreprises afin que celles-ci limitent leurs dérives environnementales. Une telle structure non gouvernementale reste indispensable dans n'importe quel tissu économique afin de créer un équilibre entre le volet financier et le volet environnemental. Toutefois, ces ONG vertes perdent leurs autonomies de création et de développement à cause de leurs activités de suivi et de pression sur les entreprises. Cette limite dans l'activité d'une telle ONG verte a poussé d'autres individus de la société civile à créer de nouvelles structures non gouvernementales vertes pour lancer le développement durable à travers des projets réels, surtout dans les zones rurales. Basées sur les initiatives individuelles ou collectives d'acteurs sociaux, appartenant à l'élite sociale et intellectuelle, les ONG de développement constituent actuellement le pivot des stratégies visant les grands domaines de la protection des ressources naturelles et des équipements socio-économiques, surtout dans les zones rurales. Elles sont présentes dans les projets d'eau potable, d'irrigation, d'électrification, d'accès à l'éducation de base, d'aménagement des bassins versants, d'aménagement des routes rurales, de mise en valeur des zones d'agriculture pluviale et de protection des sites d'intérêt biologique. Dans les villes, les stratégies des ONG de développement visent davantage le renforcement des capacités des acteurs locaux par des formations, l'initiation et la sensibilisation aux problèmes environnementaux et de développement. A travers le lancement de tels projets de développement dans les zones rurales, les ONG travaillent sur la mise en place d'une nouvelle identité sociale via l'intégration des technologies modernes dans ces régions " pauvres ". Toutefois, la plupart des ONG rencontrent des difficultés face à des problèmes environnementaux. En effet, leur manque de connaissance dans le domaine de la science, de l'écologie et de l'environnement constitue un handicap majeur à leurs stratégies. Ce frein contraignant se manifeste par des pratiques qu'elles considèrent comme un moyen de lutte contre les atteintes à l'environnement, alors que leurs actions pourraient exercer des effets contraires, suite à l'ignorance de quelques spécificités environnementales. Ainsi, la méconnaissance de l'environnement et des problèmes spécifiques à chaque région et à chaque localité peut contribuer à l'échec de toutes les tentatives de les résoudre et à la rupture donc du lien de confiance entre les différents acteurs (la population civile, l'Etat, les entreprises partenaires…). De ce fait, les ONG de développement sont appelées à diversifier les domaines de compétence de leur capital humain, en se basant surtout sur des profils d'universitaires, de scientifiques et d'ingénieurs. Entre un rôle de pression et un rôle de développement, les ONG vertes présentent, aujourd'hui, une solution incontournable pour lutter contre les problèmes environnementaux, et par la suite faire face aux problèmes socio-économiques causés par le déséquilibre écologique. Au cours de nos précédentes analyses sur le développement durable, on s'est appuyé sur une logique théorique et idéologique pour démontrer l'importance d'un développement durable et pour présenter les solutions qu'on devrait aborder afin de faire tourner un moteur économique de croissance verte. Toutefois, à travers ces lectures, on sent le manque d'une solution concrète pour lancer des politiques vertes. Et voilà notre présente analyse qui essaye de montrer une des premières solutions qui pourraient être munies par les intellectuels et l'élite de notre société, afin de promouvoir un projet économique de développement vert. Aujourd'hui, les zones rurales en Tunisie (dans le nord comme dans le sud, dans l'est ou dans l'ouest) sont riches en ressources naturelles et elles présentent un vrai potentiel pour le développement économique vert. Cependant, suite à une méconnaissance du potentiel de nos terres et suite à un manque d'encadrement des jeunes appartenant à ces zones, les projets verts de développement rural ne voient pas encore le jour dans notre pays. Dans cette terre riche en capital humain, en capital intellectuel et en ressources naturelles, il est indispensable, aujourd'hui, de voir naître une ONG verte, autonome, indépendante et active pour lancer des projets de développement économique vert dans ces régions.